Aller au contenu

Photo

(Anthologie permanente) Henry Jean-Marie Levet, "Cartes postales"


  • Veuillez vous connecter pour répondre
Aucune réponse à ce sujet

#1 tim

tim

    Administrateur

  • Administrateur principal
  • PipPipPipPip
  • 5 689 messages

Posté 14 février 2018 - 10:02


6a00d8345238fe69e201b8d2da2659970c-75wiHenry Jean-Marie Levet fait partie de ce domaine français cher à Valery Larbaud et dont Max de Carvalho regroupe maints auteurs dans sa magnifique collection « Les Impardonnables », publiée quatre fois par an en série de quatre livrets précieux, aux éditions Fario.
Aujourdâhui les éditions Unes se penchent à leur tour sur cet auteur né en 1874 et connu surtout pour ses Cartes Postales.
Poezibao propose un extrait de chacun des deux livres qui se recoupent complètement.


LE VOYAGE (triptyque)

I. OUTWARDS
                                                         A Francis Jammes

L'Armand-Béhic (des Messageries Maritimes)
File quatorze noeuds sur l'Océan Indien...
Le soleil se couche en des confitures de crimes,
Dans cette mer plate comme avec la main.

â Miss Roseway, qui se rend à Adélaïde
Vers le Sweet home au fiancé australien,
Miss Roseway, hélas, n'a cure de mon spleen,
Sa lorgnette sur les Laquedives, au loin...

â Je vais me préparer â  sans entrain! â  pour la fête
De ce soir : sur le pont, lampions, danses, romances.
(Je dois accompagner miss Roseway qui quête

â Fort gentiment - pour les familles des marins
Naufragés.) Oh, qu'en une valse lente, ses reins
A mon bras droit, je l'entraîne sans violence

Dans un naufrage où Dieu reconnaîtrait les siens...

Henry Jean-Marie Levet, Sonnets torrides et autres cartes postales, La Bibliothèque des Impardonnable, Fario, 2017, 24,50 ⬠le coffret « La Belle Saison », Printemps 2017, p.7.
Sur la bibliothèque des Impardonnables, voir ici

/

CÔTE D'AZUR. - NICE

                                                         A Francis Jourdain

L'Écosse s'est voilée de ses brumes classiques,
Nos plages et nos lacs sont abandonnés ;
Novembre, tribunal suprême des phtisiques,
M'exile sur les bords de la Méditerranée...

J'aurai un fauteuil roulant « plein d'odeurs légères »
Que poussera lentement un valet bien stylé :
Un soleil doux vernira mes heures dernières,
Cet hiver, sur la Promenade des Anglais...

Pendant que Jane, qui est maintenant la compagne
D'un sain et farouche éleveur de moutons
Émaille de sa grâce une prairie australe
De plus de quarante milles carrés, me dit-on

Et quand le sang pâle et froid de mon crépuscule
Aura terni le flot méditerranéen,
Là-bas, dans la nouvelle Galles du Sud,
L'Aube d'un jour d'été l'éveillera... C'est bien ...

Henry Jean-Marie Levet, Cartes postales, dessins de Daniel Nadaud, Editions Unes, 2017, 32 p, 12â¬, p. 19



Henry Jean-Marie Levet est né à Montbrison en 1874. Issu d'une famille de politiciens, il arrive à Paris en 1895 où il vit une jeunesse de dandy extraverti et fréquente assidument les bars de nuit parisiens avec Léon-Paul Fargue. Il s'oriente vers une carrière de diplomate qui lui permet de satisfaire son rêve de voyages et de transatlantiques, lui l'amoureux des atlas et des cartes de géographie. À partir de 1897, il séjourne en Inde, en Indochine, aux Philippines et aux Canaries en tant que vice-consul, et finit par assumer la gérance de la Chancellerie de Las Palmas. Ses poèmes et chroniques paraissent dans plusieurs journaux et revues (Le courrier français, La Plume, La Vogue). Atteint de phtisie, Levet meurt à Menton le 14 décembre 1906. Léon-Paul Fargue et Valéry Larbaud réunissent les poèmes complets de l'auteur, contenant les Cartes postales, dans l'édition confiée à Adrienne Monnier en 1921. De son ami, Fargue disait qu'il aimait les déguisements, la froideur, le flegme et la tendresse. Sa poésie est à son image, désinvolte et insolente, cosmopolite et vagabonde, regardant avec une ironie lucide un monde en train de disparaître sous sa propre nostalgie.

 

IW9N6gNZfrk

Voir l'article complet