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(Brèves de lecture) Jules Vipaldo, Christiane Veschambre, Sammy Sapin


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Posté 15 février 2018 - 02:25

 

6a00d8345238fe69e201b8d2da9373970c-50wiJules Vipaldo
Le banquet de plafond
Ed. Tinbad, 2018, 140 pages, 18 â¬
18â¬

Jules Vipaldo est lâauteur du drôlissime Pauvre Baudelaire (1). Poète hilare, entre Maurice Roche (moins macabre), et Jean-Pierre Verheggen (moins grotesque), ne cherchant pas à être lu par le plus grand nombre (« pour être bien, ou mieux lu »), et malmenant pour ce, et joyeusement, et outrancièrement, la langue dans tous les sens pour que ça sâagite en un récit foutraque, Jules Vipaldo fait dans « la bricole métaphysique », comme le titre lâindique. Non quâil ait une araignée au plafond, mais la philosophie à ras lâordinaire et le domestique : il y a des souris dans le grenier, une panne de tondeuse, un rendez-vous dans un centre auto etc. Il sait que « je est une outre » (et « que tout finit par verser dans le tout à lâego »), et ne sâen prive pas, aussi, à lâaide de son auto-personnage Jules, regonflé, il vous fait, lecteurs, une petite irrévérence ébouriffée en pas de danse qui ressemblent fort à une fête des fous (du verbe). Il est heureux de rire en poésie, et de la poésie.

Jean-Pascal Dubost

(1) éd. Les Doigts dans la prose, 2015

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6a00d8345238fe69e201b8d2da937c970c-50wiChristiane Veschambre 
Ils dorment 
LâAntichambre du Préau, 2018, 25 p.


Des mots funambules
Une douzaine de pages écrites par Christiane Veschambre, Ils dorment (Ed. Lâantichambre du Préau) à sa manière si minimaliste, si précise, à la fois si douce et si implacable. Elle dort, il lâaime, il est conducteur de bus, il va se promener, il regarde la rivière, il écrit dans son carnet. La scène se reproduit. Câest un écho, un hommage, un petit chant dâamour à Paterson, le film de Jarmusch, sur William Carlos Williams. Le poète est Paterson, elle, qui dort, qui est aimée, câest Laura. Paterson est tenu par le fil de son amour pour Laura, « cette vivante » comme Christiane Veschambre dit plusieurs fois, il est vrai que les poètes se sentent souvent à demi-morts. Tous les jours il se réveille, il lâembrasse, tous les jours elle qui lâaime lui dit de recopier ses poèmes. Un jour le chien les mange.
Je ne sais ce qui est le plus bouleversant : eux qui sâaiment, ou les poèmes.
Ou le carnet, à la fin, comme don.
Ou cette écriture, funambule. Le tout, écho dâun art par lâautre.

Isabelle Baladine Howald

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6a00d8345238fe69e201b7c9502611970b-50wiSammy Sapin
Câest meilleur que nâimporte quoi
Cactus Inébranlable éditions, 2017, 76 p., 9â¬



En des fragments titrés et numérotés entrecroisant des « inscriptions » (Scuténaire, bien sûr, mais aussi Perros, Lichtenberg et quelques autres fragmentistes, ou pas), Sammy Sapin (aussi blog-poète) fait preuve dâun étrange humour : il ne lui importe ni de faire rire ni le sarcasme bien pointé. Il y est plutôt question, dans ce recueil, de tomber de haut pour voir en bas ce qui sây passe. Avec une pointe dâabsurde, câest à la platitude que sâintéresse Sammy Sapin, à cette évidence devant quoi peu sâarrêtent (lâabsurde nâest-ce pas ce qui grossit lâévidence quâon ne voit ni avant ni après le grossissement ?) Sourire, ou ne pas sourire... Dâune certaine manière, le poète joue au chat et à la souris avec notre aptitude à sourire, câest ce qui est cocasse. Alors, si les cailloux ont des rides, si des poissons traversent la rue, si une actrice porno porte une ampoule rectale, étonnez-vous ; et puis réfléchissez. Les fragments et inscriptions de Sammy Sapin vous y invitent.

Jean-Pascal Dubost

 

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