Lorsque l'hiver
Doucement
Plie l'échine
J'aime aller
Me promener
Le long du fleuve
Pour entendre
Les craquements terrifiants
Des débris de glace
Qui s'arrachent au littoral
Et s'échappent avec les flots
Vers leur inévitable anéantissement
Sacrés radeaux givrés
Soufflés par la borée
Épaves des banquises friables
Que le courant emporte
Dans sa danse impitoyable
Avant de les dissoudre
Dans la goulée goulue
Des eaux septentrionales
Parfois un rayon de soleil
Perle de la gorge du merle
Et ravit d'un moment éternel
Flashe un prisme boréal
Sur sa lame éclatante
Il aveugle alors le cœur du poète
Le temps d'une larme
Qui se coagule pieusement
Comme la buée sur le miroir