La neige, ce mou saindoux
A ce bruit qui froisse
En s'affalant sur
Un couple de merles
Perdus de froid.
Giflées par le vent
Petites momies sombres
Elles jeûnent et ne bougent pas
La vie les oubliant.
Leurs ailes pliées
Leur tête devenues bois
Evanouies momies
Leurs pattes sont silhouettes
Et leurs yeux fruits gelés.
Girouettes ramassées
Fermant leur bec glacé.
La merlette a ses petits
Poumons froids.
Elle est frileuse
Elle tremble sur ses jambes d"allumettes
Des brindilles moitié cassées.
Dans les branches démolies
Elle attend sans le voir
Son oiseau de basalte
Perdu dans les cieux gris.
Lentement bat son coeur pour lui
Et son corps chaud quand il est là.
Figée, petite, elle attend.
Son amour maintenant blanc
Son oiseau tombé droit.
Qui fut si noir, avant.
Alors elle se rapproche de lui
Et le dorlotte.
Son cou ne tourne plus
Elle grelotte et tombe
Entre mes mains
Merlette
Ma souris chaude
Ton coeur rebat
Il sera là
On l'attendra