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Le premier clone


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#1 Alfred

Alfred

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Posté 23 février 2018 - 09:53

C’est officiel : sur une île privatisée de Nouvelle-Calédonie, le premier clone a enfin vu la lumière du jour. On en parle comme d’une partie éclatée d’un paysage pourtant intact.

 

La communauté des scientifiques, le congrès des scientifiques, l’assemblée des scientifiques. Les lunettes, les blouses, les seringues et les microscopes des scientifiques. Les laboratoires, les revues et les articles des scientifiques. Les ordinateurs et les informaticiens des scientifiques. Les secrétaires et les assistants des scientifiques. Les singes et les souris des scientifiques. Le temps des scientifiques. Tout cela en Nouvelle-Calédonie, donc. Mais, souligne les journaux du soir, tout cela dans un esprit plein de discipline.

 

Le premier des clones a avoir vu la lumière du jour était au départ complètement aveugle. Comme un chaton. Il fut, dans les premiers jours, confiné dans le noir le plus total. Puis, toujours baignant, plongé, mouillé dans le liquide de la communauté des scientifiques, l’introduction brute à la lumière se fit sans catéchuménat. A l’occasion, il émit ses premiers cris : on lui donna donc ses premiers habits.

 

La Nouvelle-Calédonie est caractérisée comme l’un des plus grands territoires du Pacifique Sud. Elle occupe une position moyenne entre le géant continental australien et les petites îles de la Mélanésie ou de Micronésie. Nous ne parlerons pas de ses aspects économiques et ethnologiques, bien que ce texte montre qu’une de ses îles, privatisée, est le lieu de conception du premier clone et qu’elle est devenue le point d’intérêt extrême de tous les efforts des scientifiques, de la communauté des scientifiques.

 

Il y a désormais un point sur la carte. Un point vague que l’on peut placer vaguement sur une carte géographique représentant la Nouvelle-Calédonie, sur une de ses îles privatisées, mais un point tout de même. De même, nous n’hésiterons plus jamais quant à la datation et au lieu de la naissance du premier clone, comme nous hésitons quant à la date de l’apparition et au lieu du premier individu homo sapiens, puisque les journaux du soir en parlent.

 

Le premier clone fut présenté à la presse et aux journaux du soir en pleine journée, en pleine lumière et dans cette humidité étouffante propre à la saison chaude de Nouvelle-Calédonie. Le premier clone pleurait abondamment. Un observateur reconnu du débat public, témoin de la scène, commença sa tribune du lendemain dans les journaux du soir par un jeu de mots : « A l’heure du changement des langes vint celle du langage. ».

 

La partie éclatée d’un paysage pourtant intact. Un point vague. Le paradoxe de quelque chose d’extrêmement précis existant, placé, dans un espace aux dimensions infinies. Un arrêt dans l’éternité : la partie éclatée d’un paysage pourtant intact. Un arrêt dans l’éternité, mais qui n’en empêche pas le cours. Un curseur fou :

 

Le premier clone.