JOUEUR
Sur une colline en repli, un sombre belvédère et son guetteur
Le gouverneur des mers,
Rejoue à coups de dés des martingales mystères,
Sur sa mappemonde d'or,
Et l'eau aimée se déplace
Entre ses joues faites de plages et de baisers.
COMBAT
N'y aura t-il jamais de moines savants, des éclaireurs oubliés,
Leurs robes tombées en masse et leurs corps offerts nus,
Des luttes de dieux pour que l'eau en trombe enfin,
Sous les monts livides où les devins prophètes,
Reposent dans son lit sous à nouveau, calmée
Tranquille sous le soleil, lavée,
Elle traîne.
TON EAU
Bancs blancs du sable déposé sur tes rives,
De ton cou le long elle sue, allant sans issue vers une mer
Salées puis douces emportées par la pluie,
Traversées de fleuves coulant dans la rivière,
Tu sais, ton eau à toi, mon intime,
Si transparente, sans goût, liquide et diluée.
LE BATELIER
Du fond de la péniche et dans la lueur de fanals blêmes,
Un batelier exalté nous explique qu'autrefois
Des baigneuses aux mains lestes allaient des mots disant
Juchées fières sur de hautes falaises
Se jetant nombreuses dans l'eau d'ombre
Les bras en croix.
LES CHEVAUX
Le long de la Seine enroulée,
Mes chevaux à la main,
Je marche frôlant l'acier tintant
De couteaux lâchés là
Dans des combats perdus,
Sentinelles assoupies,
Engourdies par les baisers ardents des nymphes.
SEINE TOUJOURS
Seine avalée, ma sœur multiple, tu es faite chair : pluies de jouvence, miroir de mer de sel allant devant, larges embouchures, flaques et rivières, mornes mares et étangs enfouis, ruisseaux fontaines, cascades bruyantes et remuantes, tu es nourrie par tes enfants.
Immortelle ! Belle. Source innocente.
Ainsi viendra le temps des remontées et l'odeur de l'eau jusqu'à l'heure de notre mort incertaine.