Je ne suis d’aucune Académie, je suis de la terre des humbles. Dans mon enfance, le seul livre, à la maison, était « Les fêtes Galantes » : encore ai-je mis longtemps à comprendre qu’il avait été le laisser-passer de mon père pour se forger une âme de séducteur, – lui qui chantait Trenet et des airs d’Opéra. Jeune ouvrier, un parti politique lui avait ordonné de monter sur une table, pour être son porte-parole, sans qu’il sût ce qu’il devait dire.
Moi-même, il y a un demi-siècle, j’ai saisi, imprudemment, le porte-voix de la poésie, sans savoir en quoi elle consistait : le sais-je davantage aujourd’hui ? Que savons-nous des mystères qui nous habitent ? Nous ne savons rien des choses essentielles, de ce qui nous attend au-delà de la vie : une géhenne de damnés, ou un jardin séraphique ? Voyageurs clandestins, nous ignorerons, jusqu’à la fin, notre destination.
25/2/18