Il y a deux arbres qui ne sont plus dans le jardin, et dont je regrette la présence .
Le noyer était venu, un jour, Dieu sait comment. Apporté par les oiseaux, il avait poussé dans un endroit improbable, tout près de la maison. Tout autre que moi l’aurait déplacé sur l’heure : il avait plu à ma fantaisie de le voir grandir ainsi, séparé d’un mur de la maison seulement par un escalier. Comme il se plaisait, sur ce côté nord ! Il se plaisait tant qu’au fil de années, il devint énorme, très haut, jusqu’à ce jour de grand vent où ses plus hautes branches ébranlèrent le toit. Je dus me résoudre à le supprimer. La souche donne naissance à des rejets, ce qui me vaut, l’été, le plaisir de respirer encore la fragrance de ses feuilles.
Au bord de la rivière, l’épicéa était là avant ma venue… Il poussait au bord de la rivière et était devenu si haut, si peu éloigné de la maison, lui aussi, que je le fis supprimer. Son tronc sectionné en de nombreux morceaux, se trouve sous une bâche, à présent.
Ces deux arbres me manquent, comme me manqueraient deux amis : cela ne parle pas, un arbre, ça occupe l’espace, mais, d’une certaine façon, ça parle invisiblement à une partie de vous-même, sans que vous vous en rendiez compte : comme l’absence d’un amour, vous ne pouvez mesurer leur importance dans votre vie que lorsqu’ils ne sont plus.
3/3/18
