Jeudi 20 février 2014 / 0869
J'ai mis des morceaux de joie à sécher. Pratique pour la traversée d'une disette. Lorsque nous ne saurons plus rien, ni l'amour, ni l'espoir, lorsque quelqu'un aura dispersé les petits cailloux blancs sur le chemin, lorsque "je ne sais pas" sera notre seul compagnon de route, je piocherai dans mes réserves. Sur une plage perdue au milieu des déserts, je poserai au sol ma vague à lames. J'ouvrirai ma besace. J'en sortirai une tranche de rire que je délaierai à l'alcool fort des tempêtes.
Qu'il est bon de mâcher ainsi quelques sourires pour conjurer la poisse des jours mauvais ! Cet ourlet vert sur la ligne d'horizon, ce n'est plus un mirage. Mes ombres mortes ressuscitent. Ma gorge déployée entonne un chant. Mes grandes mains froides se réchauffent dans l'azur découpé qui se chauffe au soleil.