parmi ceux que le deuil fait cracher mille outrages
Des cris se font entendre et des rires cruels
des jurons des lazzi et d'obscène appels
Poussières et cailloux sous les pieds qui trébuchent
solitude d'un coeur où les vautours se juchent
Le soleil en ce jour rend plus brutal encor
le sang que va suant lamentable ce corps
Oui la lumière ici accuse la souffrance
d'un amour devenu ciel d'oubli et d'absence
Fût-ce sur les genoux il faut souffle opprimé
mètre après mètre atteindre un horrible sommet
Le temps n'en finit pas seconde après seconde
quand il ne reste rien que l'agonie au monde
Car chaque larme creuse à l'égal d'un rasoir
une ride une plaie un puits de désespoir
Oh qu'un pauvre mouchoir éponge cette face
y laissant la passion que le siècle n'efface
Mais à peine arrivé tout là-haut c'est l'effroi
de la chair et de l'âme au dresser de la Croix
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Jérôme BOSCH: Le Portement de croix (~1515)