C’est un petit meuble utilisé pour le rangement des travaux d’aiguilles, une « travailleuse », nous dit le dictionnaire. Je m’en sers quelquefois, pour recoudre, rattacher un bouton. Il a appartenu à ma mère. Chaque fois que je m’en sers, je revois son caractère solaire, son énergie, sa façon de m’accueillir, comme si le soleil entrait dans sa maison.
De mon père, il me reste un rabot, quelques outils de jardin : quand je prends le rabot , je revois les gestes précis qu’il faisait pour régler l’épaisseur du bois à raboter, à petits coups de marteau. Les outils de jardin, eux, me renvoient à ses leçons de bouturage, ou de taille des rosiers, leçons auxquelles, je l’avoue, je n’ai jamais été très attentif, dans ce jardin dédié tout entier à ma mère, puisque les lettres de son prénom, dessinées à l’aide de galets emprisonnés dans le ciment, se lisaient, au début de l’allée centrale.
Que restera-t-il de moi ? Quelque montre, quelque stylo – le temps et l’écriture-- ayant subi les affres des années… Ainsi la vie se passe et entraîne choses et gens, faisant se succéder, comme limon dans la rivière, les matins de brume aux grands soleils des douze coups de midi, avant que se déclarent les incendies rougeoyants de l’horizon, à la tombée de la nuit.
10/5/18
