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(Notes sur la création) Julien Gracq


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Posté 16 mai 2018 - 09:25

 

6a00d8345238fe69e20223c84b7442200c-75wiDans le recueil « Farouche à quatre feuilles », paru chez Grasset en 1954, André Breton, Lise Deharme, Julien Gracq et Jean Tardieu abordent la rêverie.

Julien Gracq intitule sa contribution « Les yeux bien ouverts ». Pour lui, la façon dont circulent et sâaccélèrent les images est plus importante que les images elles-mêmes. Il parle dâun « reverdissement brusque de toutes choses », dâune « mise en rumeur ».
Cette considération lâamène à évoquer le travail du poète.

« Et, puisque vous parlez de visionnaires⦠je sens que je vais dire des choses sacrilèges, mais enfin je ne suis pas très sûr que les poètes aient vu â ce qui sâappelle réellement voir, â des choses si extraordinaires. Je ne le crois même pas du tout. Ce qui compte chez eux, je pense que câest autre chose ; câest la faculté de sauter plus légèrement, plus librement dâune image à lâautre, de les éveiller lâune par lâautre selon un code secret, des lois de correspondance assez cachées. Si vous voulez, câest un certain art de la fugue, plutôt quâune aptitude à percevoir des images inconnues. Et câest aussi, câest peut-être surtout lâaccent obsessionnel qui se pose pour eux et qui revient sur certaines images ou certains mouvements, très simples presque toujours (ce qui leur permet de réapparaître sous mille déguisements en éveillant toujours le même timbre). Ces images alors lèvent une espèce dâémotion singulière, une lueur dâapparition, elles sont douées dâun très grand pouvoir dâébranlement⦠On les devine de loin, avant même quâelles aient pris forme, à lâémotion confuse qui se réveille rien quâà leur pressentiment. Ce sont elles, quand il les pressent et les nomme, qui ravivent chez lâécrivain son timbre, son ton personnel, â le ton â si important, bien plus important encore pour un écrivain que la beauté des images â le ton quâil a pour nommer certaines choses qui vraiment lui sont données, à lui exclusivement. »  (pp. 89 à 91)

Julien Gracq reformulera sa réflexion, page 112, à propos du titre dâun poème de Rimbaud, « Le pauvre songe ».
Grasset, les Cahiers Rouges. Les termes en italiques figurent dans le texte.

Contribution de Philippe Fumery

 

 

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