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(Note de lecture), Sophie Braganti, "Avant le lac", par Sarah Keryna


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#1 tim

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Posté 04 juillet 2018 - 10:20

<p> </p>
<p class="MsoNormal blockquote" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif'; letter-spacing: 1pt;"> <a class="asset-img-link" href="http://poezibao.type...85ff5200c-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Sophie Braganti avant le lac" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e2022ad3585ff5200c img-responsive" src="http://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e2022ad3585ff5200c-75wi" style="width: 75px; margin: 3px 15px 5px 5px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="Sophie Braganti avant le lac" /></a>Écrit lors dâune résidence dâécriture à lâabbaye de Boscodon, <em>Avant le lac</em>, est un texte qui sâest écrit autour de la mémoire engloutie du lac de Serre-Ponçon.<br /> <br /> « (â¦) Ce lac immense, je lâavais toujours trouvé artificiel lors de mes précédents déplacements. Je lui posais des questions sur ses origines et seul le miroir dâun bleu outrancier me renvoyait ma question. Jây fis alors de menues découvertes, tout le mois de mars, appareil logé dans ma poche. Des récoltes dâobjets qui me racontaient des histoires dâun autre temps et dâaujourdâhui. Des ruines, une carrière, une église à lâarchitecture audacieuse, une chapelle en plein milieu du lac, des hameçons, des détritus peu recommandables. Et plus loin, plus haut, les tombes de lâUbaye qui déclinent les caprices du sol et de lâeau. » (â¦)<br /> <br /> À partir de ces éléments, mais aussi de documents, dâentretiens, de vidéos et dâarchives, Sophie Braganti a constitué une matière dont elle a conservé la chronologie, les dates, (« Ca commence en 57 »), les repères, les détails, des souvenirs, des noms. Une trame quâelle transpose de manière presque impressionniste, en avançant par petites touches, avec une écriture scandée, rythmée, faite de phrases courtes, rapides, précises et affûtées, où ne demeure que lâessentiel.<br /> Ce livre (dédié à « ceux qui ont été noyés », impossible de ne pas penser à dâautres noyés)<br /> est un passage de témoin, quâil évoque un objet, un paysage, la lumière dâune journée, le départ des habitants, la mutation dâun monde à lâautre avec ses étapes. <br /> <br /> « Les petits paysans sont partis les premiers.<br /> Certains quittent la terre pour le travail dâouvrier.<br /> Ils aiment la nouvelle aventure.<br /> Un emploi stable. Un vent de confort.<br /> Restent les commerçants.<br /> Les vieux ouvriers se sont battus. Travailler chez Ferrix dès 58.<br /> Pour du petit matériel électrique.<br /> Un peu plus loin.<br /> Classer les ouvriers. »<br /> <br /> Puis, plus loin :<br /> <br /> « Sur cent habitants vingt restent et se redressent.<br /> Puis.<br /> Un chien. Un chat. Une poule ou deux. Et trois lapins.<br /> Ils courent toujours les enfants jouent ils jouent à courir.<br /> Déjà debout<br /> le nouveau village.<br /> <br /> A côté.<br /> Au sec.<br /> <br /> Sorti de la réserve. »<br /> <br /> Lâauteur ici récolte et scrute, sonde les mémoires, enregistre les anecdotes, dresse un état des lieux autant sociologique, historique, choral, quâintime. Car il est question aussi de son rapport à lâespace, de son expérience propre.<br /> <br /> « Câest un dimanche matin.<br /> <br /> Il est 10h.<br /> Je suis seule.<br /> Seule comme à midi.<br /> Et comme le lendemain.<br /> Jâai trop marché.<br /> Jâai pris des photos.<br /> La lumière écrase.<br /> Jâai trop chaud.<br /> Mon ombre est portée.<br /> Elle me devance. »<br /> <br /> Il y a enfin surtout dans <em>Avant le lac,</em> lâabsence et la disparition.<br /> Absence des anciens, effacement des villages, des visages, des morts, et la trace tenace quâils laissent, leur écho, leur persistance.<br /> <br /> « Sur des sables mouvants il y a des territoires qui crachent encore des bribes aphones. Les morts nâen finissent pas. De disparaître. Ils passent leur temps à mourir. Câest comme ça quâils vivent. Ca prend du temps de mourir. »<br /> <br /> <br /> <strong>Sarah Kéryna<br /> </strong><br /> Sophie Braganti, <em>Avant le lac</em>, Propos2editions, 2018, 52 p., 13â¬<br /><br /><br /> </span></p><img src="http://feeds.feedburner.com/~r/typepad/KEpI/~4/fVwQs8N4TZo" height="1" width="1" alt=""/>

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