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(Note de lecture), Sandro Penna, "Croix et délice", par Marc Blanchet


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Posté 03 juillet 2018 - 09:32

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<p class="blockquote MsoNormal" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif'; letter-spacing: 1pt;"> <a class="asset-img-link" href="http://poezibao.type...de290200b-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Sandro Penna croix et délice" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e2022ad39de290200b img-responsive" src="http://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e2022ad39de290200b-75wi" style="width: 75px; margin: 3px 15px 5px 5px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="Sandro Penna croix et délice" /></a>Les délices du corps ont leurs épreuves, sinon leurs jugements. Les attentions homosexuelles en font partie. La société les rejette. Indifférences, fugitivités et sensation pesante dâun temps qui échappe changent lâétreinte en bonheur passé, parfois lâenvie en culpabilité. Traversée de ces rejets sociaux et de cette nostalgie, la poésie de Sandro Penna est une narration en soupirs et parenthèses dâune érotisation quotidienne de la vie. Le corps sây déploie comme une vérité absolue. Ivresse et perfection, il se fréquente dans des retraits, des impasses, dans lesquels la poésie tente de revenir en souvenir. <em>Croix et délice</em> raconte ces heures où le désir est consacré, lâinterdit franchi, ou, à lâinverse, le bonheur entrevu, le plaisir mis à distance. Si la désolation persiste en de nombreuses pages, lâaffirmation du plaisir transcende les crucifixions ambiantes. La ville délivre des paysages brefs, des perspectives momentanées ; les corps sây croisent, hommes et garçons, dans des solitudes réciproques, des admirations fragiles. Par une simplicité désarmante, les poèmes de Sandro Penna deviennent les preuves, non les échos, de ces attirances soudaines, exprimées avec une telle vivacité quâelles donnent vie au poème à défaut de devenir actes : « Garçons somnolents, ma culotte / est pleine dâamour et de poudre blanche. / La route qui mâépuise vous endort, / garçons somnolents parfumés de menthe. » La brièveté de la poésie de Penna offre un miroir à ces silhouettes désirées, qui du fond de lâobscurité nous fixent avec innocence et défi. Ces êtres dessinent les promesses dâun dehors où le fantasme frôle lâattouchement ; la pudeur y est sourde, la crudité dâune douce subtilité : « Quâil est beau de te suivre / ô jeune homme qui ondoies / sans hâte dans la ville nocturne. / Si tu tâarrêtes au coin dâune rue, loin, / je resterai, loin / de ta paix â ô mon ardente / solitude ». En 1958, cette géographie des êtres appelle à la censure. À la lire aujourdâhui, son « obscénité » est moindre : elle a triomphé des interdits pour donner une lumière intime, et atemporelle, à ces solitudes urbaines. <em>Croix et délice</em> soupire ces vies nocturnes multiples, leur élève un théâtre avec rues, maisons, lune et chants de grillons, et ne cesse de culminer dans lâexpression dâune tristesse parfois amusée de ses désÅuvrements, prête à rire de ses pertes, voire saluer ses échecs. Ainsi devient-elle nôtre au-delà de lâassentiment ou non à ladite sexualité ; la figure du poète nous devient proche en dessinant le paysage émouvant de tous ces corps. En face dâeux, sa solitude tente de ne pas se changer en statue de sel qui serait dépourvue du bonheur de toucher, ne serait-ce des yeux⦠À lâimage de ce poème qui en dehors de toute narration énonce simplement : « Oh dans la nuit le chien / qui aboie au loin. / De jour ce nâest que le chien / qui te lèche la main. » Être du nombre ne fut pas donné à Sandro Penna ; il nâen souciait pas. Ses poèmes furent recueillis souvent à lâarraché par ses proches, comme si sa poésie se défaisait dans les mains de ceux qui y portaient leur attention. Peut-être cherchait-elle des lignes de fuite dont elle avait seule lâintuition ; comme si le corps du poète entré en elle devait échapper à la vue commune, éviter lâimmédiateté dâun partage, préserver sa marginalité afin de ne pas glisser dans la compréhension ou lâéchange, rester rebelle aux interprétations et à cette forme qui peut avoisiner la fatalité : le livre. <em>Croix et délice* </em>est un ensemble de séquences pareilles à des soupirs, un souffle amoureux recueilli. Il appartient à ces frémissements de haute vertu qui, par leur concision, deviennent de secrets blasons : « Amour, amour, / gai déshonneur. » <br /> <br /> <strong>Marc Blanchet<br /> </strong><br /> Sandro Penna,<em> Croix et délice</em>, Traduction de Bernard Simeone, Ypsilon éditeur, 238 p., 23 â¬.<br /></span></p>
<p class="blockquote MsoNormal" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif'; letter-spacing: 1pt;"><em>*Croix et délice</em> est la réédition dâune traduction de Bernard Simeone, initialement parue aux éditions Phalène en 1987. Les deux textes à la fin de volume de Natalia Ginzburg et Amelia Rosselli, ainsi que la lettre de Pier Paolo Pasolini, permettent une vue approfondie sur Sandro Penna et ses livres, signant ainsi un objet littéraire inédit.<br /><br /><br /></span></p><img src="http://feeds.feedbur.../~4/vbtDRfnGhFA" height="1" width="1" alt=""/>

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