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(Note de lecture), Giovanni Pascoli, "L’Impensé la poésie. Choix de poèmes (1890-1911)", traduction Jean-Charles Vegliante, par Christian Tr


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Posté 13 juillet 2018 - 09:40

<p> </p>
<p class="MsoNormal blockquote" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif'; letter-spacing: 1pt;"> <a class="asset-img-link" href="http://poezibao.type...0916a200b-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Pascoli l'impensé de la poésie" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e2022ad3a0916a200b img-responsive" src="http://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e2022ad3a0916a200b-75wi" style="width: 75px; margin: 3px 15px 5px 5px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="Pascoli l'impensé de la poésie" /></a>Traduire nâest pas chose aisée. Faire passer dans une langue autre, non pas une langue, mais une culture, une vision du monde, une lueur, toute une attention au réel particulière, irremplaçable, est souvent source dâeffondrements. De sacrifices. De pertes irrémissibles. Dâautant plus si on a affaire à un poète comme Pascoli (1855-1912), fin métricien, fin syntaxier, subtil accordeur du langage à toutes les dimensions du monde, toutes les choses du quotidien, et toutes les épaisseurs de lâêtre.<br /> <br /> Comment rendre, en effet, sensible à travers la langue conceptuelle, mathématique du français, ce qui, dans la langue italienne et la poésie de Pascoli, nous échappe et nous fuit toujours, et nous creuse, pourtant, nous traverse, germe en nous, et que lâon devine dans lâombre, le jour des rideaux, le vent qui passe ? Un accord de lâêtre au réel, ou de tout notre corps au monde, au monde sensible, ce qui fait â de nous et de tout ce qui vit à lâentour de nous â une unité. Une obscure germination, ou une volonté celée, invisible, souvent refoulée, de se réaccorder au monde et à lâêtre de la nature.<br /> <br /> La tâche est immense, impossible, sans doute, pour le traducteur, de tenter de rendre au plus juste, ce qui ne dépend pas de nous, de notre logique, nos idées, mais bien plutôt de nos affects, de notre sensibilité. Jean-Charles Vegliante, fin connaisseur de Pascoli â et qui depuis plus de trente ans, a essayé de faire connaître ce poète trop ignoré â offre enfin au lecteur français la possibilité de le lire depuis 1925. Et plus encore, lâoccasion de le lire dans toute sa richesse. Non seulement sont rendus le flou, le trouble, lâincertain, lâindécis, propres au travail de Pascoli â avec lâécriture des bruits, des cris du monde, de toute la rumeur du réel, ou de lâau-delà du langage qui en fait la difficulté. Mais encore sont restituées lâextraordinaire maîtrise et toute lâhabileté métrique de Pascoli à rénover vers, et strophes, et formes fixes.<br /> <br /> Dire lâimpensé ne peut se dire quâen poésie. Mais â comme Bonnefoy lâa très souvent répété â quâen jouant de la poésie, en se jouant de ses contraintes, ses non-dits, ses espaces vides. Conserver la métrique antique, le sonnet, la strophique sapphique, ou le vers. Mais en explorer les contours, les interstices. Les creuser de lâintérieur. Les faire sonner pour quây résonne cet entre-deux du langage et de notre être, tellement méconnu de nous. Cette ombre obscure. Ou tout lâalogique du langage et de lâêtre dans le langage même. <br /> <br /> Et le traducteur réussit ce tour de force de faire entendre, dans la langue de réception, un peu de la langue dâorigine, quelque chose de la résonance que les mots « pianto », germoglio », ou « sogno » ont en italien. Le parfum dâherbes dâun champ vide. Le bourdonnement dâune abeille ou dâune libellule. Le coassement des grenouilles. Ou le cri du petit duc. Et lâorage, le grommellement du tonnerre, la félicité, quand on la devine simplement sâenfuir au loin. Pour Proust, le nom de Guermantes a quelque chose dâorangé ou dâamarante. Et celui de Parme un parfum de violettes, ou de couleur mauve. Pour le traducteur, Pascoli â par lâéclat de sa traduction â a quelque chose en français de la terre dâEmilie-Romagne, du ciel dâOmbrie, et de la campagne toscane.<br /> <br /> Câest donc le parcours dâune vie, en trois sections, 50 poèmes, introduction, conclusion. Mais aussi toute une esthétique qui restitue à ce poète les traits flottants de son image, son visage, son épaisseur, sa véritable dimension. Et son apport considérable à la poésie italienne à venir : Montale, Saba, Ungaretti, Pasolini, et même Amelia Rosselli. Car ce petit livre est un bible â au sens de bibliothèque â pascolienne, une lanterne magique où brillent, tour à tour, les facettes lumineuses du chantre italien. Mais aussi où sâentraperçoivent ses obscurités, ses lueurs indécises,  ses éclats dâombres. <br /> <em><br /> LâImpensé la poésie</em> est à contempler dans le noir et la solitude dâune chambre, allongé, quand tout fait silence. Et que scintille, seule et sans bruit, à travers la fenêtre ouverte, la lune claire. <br /> <br /> <strong>Christian Travaux<br /> </strong><br /> Giovanni Pascoli, <em>LâImpensé la poésie. Choix de poèmes (1890-1911),</em> procuré, présenté et traduit par Jean-Charles Vegliante, éditions Mimésis, coll. « Littérature et critique », n° 3, 126 pages, 12â¬.<br /><br /><br /> </span></p><img src="http://feeds.feedburner.com/~r/typepad/KEpI/~4/TnxjZsSFNUo" height="1" width="1" alt=""/>

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