J'ai un poème
Sur les lèvres
Il voudrait vivre
Il aimerait s'écouter
Dans les chants de la forêt
Dans les ruisseaux de la montagne
Voyez-vous, il croit être
Dans la beauté des choses
Mais il sera triste, peut-être
Lorsque vous vous moquerez de lui
Lorsque vous lui tournerez le dos
Alors il ira cultiver sa peine
Et sa douleur épluchera son cœur
J'ai le poème pénible
Le saviez-vous?
Ce poème est fâché avec moi
Je ne veux pas le laisser se bavarder
Dans des oreilles étrangères
Il ratatinerait ma langue culpabilisée
Il écorcherait vos oreilles fragilisées
Et il ne saurait être silence
Car je veux l'entendre
Alors il me chatouillera la merveille
Parfois même, il m'apostrophera la nuit
Comme ça, sans même prévenir
Car j'ai un poème qui a soif
Et je voudrais le boire
Mais il se tait au fond d'un puits
Il se saoule la gueule
Avec de l'eau surannée
Que le diable l'emporte
Je l'appellerai
Et il reviendra sur le bord de mes lèvres
Pour s'essuyer les pieds
Et attendre que je le cajole
Que je le prenne dans ma bouche
Et que je le roule avec des 'r' et des 'o'
Magnifiques, sortis tout droit de France
Mais Il voudra parler avec le vent
Ce capricieux tragédien
Mais le vent va le bouder
C'est certain
Alors il voudra discuter avec la lune
Mais la lune aura un rendez-vous
Avec vous, peut-être
Je veux le voir naître
Ce poème prétentieux
Car ma vie en demande
Cet arrière goût de lui-même
Me laisse croire qu'il veut mourir
Dans l'abandon de toutes choses
Parce qu'il se balbutie et que j'ai honte de lui