Tamanika: nowhere
---------------------------------
Tamanika
tamanika
doigts tremblants délurés
mes songes se lamentent
tamanika
tamanika
bien au-delà du titillement feutré
de mon errance entracte
l'ecchymose servile
résonne dans mes pas goretx
oui
oui
j'ai touché cette femme
dont l'enfant impubère
est mort à la guerre
et peu importe laquelle
hélas pour ceux et celles
qui préfèrent se réfugier sous des oeillères asseptisées
ma mémoire s'hérisse en sanctuaire
où se laminent des idéaux sédentaires
ma conscience est un caveau fertile
aux vins patauds et lacrymaux
dis-moi
chétif élixir de jouvence
te souviens-tu
te souviens-tu
qu'un soir
enfin
je me suis arrimé à ta silhouette
tant marine
en guettant la salvatrice matrice
de la réconciliation résolue
barman
sers-moi une autre carafe de vin d'Auvergne
les sentiers de ce pays
me sont sutras inspirés
ses boues
encyclopédies
ses rots
hymnes à la tolérance
car la fascination peut enseigner
mille prouesses inédites
tenter d'apprendre dans les vents glacés
m'élève vers moi-même
et ces instants d'enseignements partagés
avec les plumes d'aigles et les escargots
sont si rares
que les lacs glaciaires
me deviennent odes à la vie
friselis d'éternité
dérobés aux hallucinations et aux diktats de la syntaxe
rebelle vigoureuse
j'ai caressé tes seins trépidants
sous la brume immature des serments murmurés
au hasard des tripots qui jonchaient les canaux
et chaque fois la voie des sens
me glissait à l'oreille
va
va
va plus loin masque fébrile
tu divertis la mort
je voudrais griffer chaque mot
d'une essence inconnue
d'un parfum accompli
que j'offrirais en cadeau
ventre frémissant
puis-je déguster l'huile
suintant de tes dérives sublimées?
connu
air connu
connu air connu
connu connu connu connu
ce monde est imparfait
son flingue déjanté nous tripote
donnez-moi à chanter un hymne altruiste
nommez-moi une inspiration désintéressée
tamanika
tamanika
genèse d'iceberg aux fragrances subtiles
le flocon de neige happé fond sur la langue
le froid me pousse vers une danse lancinante
désarticulée d'extases
où la mort abondante et sereine
distile ses piments obtus confiants
barman
sers-moi le vin rassurant de l'amitié
oui
verse le vin confiant de l'amitié
partagé sous le vent triste des cimetières militaires
enfants livrés aux ogresses ornières
enfants jardinés au fond des bois
enfants sertis aux humus des collines tranquilles
enfants confiés au silence des racines des vignes charnelles
lambeaux de chairs tant sacrifiés
ces dates de naissance
ces actes de décès
ces commemorations
sentent le rat retors
tous ces discours écrits pour quoi
alors que la boue
est un lent sanglot
qui nous préserve
barman
conserve-moi les mains
qu'elles puissent continuer de truander
cet aride clavier aux prouesses biscornues
que suinte de notre désespoir
récupéré
canalisé
cette racine vive
dont tu sais le nom
la mandragore
agile prêtresse qui répugne à la gloire
mais sublime la mémoire
des suppôts de votre $$$$$$$$$$$$ histoire
de monkey business
je vous regarde
et bien entendu je vois le monde réel
croyez-vous que ça me fasse bander
de vous voir si concernés?
je connais vos parloirs monophoniques
je connais vos couleurs tangibles
vos perchoirs polyformes
et vos si fétides aspirations
à plus de pouvoirs régentés
croyez-vous
songez-vous
que cela m'amuse
de vous entendre décliner sous électroniques
les fragiles muses démocratiques?
vous me coûtez beaucoup de vin
de maux de tête
de discours sybillins
de rage dans les matins cyanosés
si vous refusez les utopies
que tant d'êtres ont chantées en vain
entre les esthètes du Labrador et les chiens
vous détruisez cette frêle passerelle
pouvant enfin conduire au partage
chaque jour
je me lève éreinté
oui éreinté par mes rêves
dans une mystique océanique sereine
et la fatigue
la fatigue me saisit
mais mon sang est une frégate résolue
qui scande scande scande
un songe somptueusement étrange
qui ne vous séduit pas:
pour chaque être une orange
pour chaque bouche un baiser sucré désiré
barman
sers-moi un verre de vin
chanteur
veux-tu me serrer la main?
car chanteur
en chaque coeur l'hiver s'en revient
je ne désire qu'ouvrir le monde au monde
mais qui s'en soucie
piégé entre deux comptes en banque?
ouvrir le monde
poser le monde face à ses tombes
ses tombes multiples et difformes
nous exigeons si loin de nous
que tout nous semble accessible
mais comment tolérer la mort des autres
sans sourciller
sans se révolter?
pourtant n'est-ce pas
ce
que
nous
faisons?
jim