Le temps passe, et pourtant...
Sonnet estrambot
Miracle du matin, renouvelé toujours,
Où l’aube rayonnante abat ses couvertures,
Avec elle éveillant toutes les créatures.
Ces nouveaux lendemains ont le sel des retours.
Mais que dire de moi, qui manque de glamour,
Au sortir de mon lit, ronde femme mature ?
Ah, qu’est loin le temps où mon profil de sculpture
Attirait dans mon lit les plaisirs de l’amour !
Tout narcissisme à part, au lever je m’observe,
Plongeant dans le miroir mon regard angoissé :
Le teint pâle est défait, le visage froissé.
Sans fausse complaisance, honnête et avec verve,
Je commente ce temps qui passe et me fait peur.
Et pourtant, dans mes yeux, je revois ma candeur,
Celle de mon enfance et des joies sans réserve ;
Au fond d’eux, j’ai gardé le même franc regard,
Sans artifice aucun, pas même un trait de fard.
20 septembre 2018
atelier de Pézenas
basé sur la citation de Mallarmé :
« Je me mire et me vois ange »
(in Les Fenêtres)