7 réponses à ce sujet

[Julien Hoquet]

Vous dont j'ai croisé

Le regard

Dans la foule bigarrée

De la gare

Vous qui m'avez regardé

Et acagnardé

Avec ces yeux caressant

Qui m'ont un instant

Cajolés douillettement

Et soustrait délicatement

De cette multitude bruyante

Grouillante, effrayante

Pour qu'un moment

Rien qu'un court moment

Je sois l'unique suzerain

De vos remarquables œillades

Loin de tous ces clandestins

Et de ces interminables bousculades

Le temps que passe votre train

 

 

Revu le 21-12-18

[Victorugueux]

Curieusement ce que tu dis là ça me rappelle une image de Pin-Up

Qui certes elle était toute nue, mais son regard très direct, il me ramenait

Très loin dans mon passé, de ces yeux bleus, que je n'ai pas oubliés

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[Julien Hoquet]

Curieusement ce que tu dis là ça me rappelle une image de Pin-Up

Qui certes elle était toute nue, mais son regard très direct, il me ramenait

Très loin dans mon passé, de ces yeux bleus, que je n'ai pas oubliés

Effectivement, le regard...

[M. de Saint-Michel]

Connaissez-vous le poème d'Antoine Pol mis en musique par Georges Brassens, intitulé "La Passante"? Votre poème m'en a fait ressouvenir...

[Laurence HERAULT]

Magie d'un regard qui arrête le temps ;

                                                                      Les gares sont propices aux rencontres...

 

                                                                                                                          Merci pour ce très joli moment poétique !

 

 

Et le poème "Les passantes" d'Antoine Pol est magnifique aussi, juste lu ou chanté par Brassens ;-)

[Julien Hoquet]

Connaissez-vous le poème d'Antoine Pol mis en musique par Georges Brassens, intitulé "La Passante"? Votre poème m'en a fait ressouvenir...

Non, je vais chercher. Merci.

[Julien Hoquet]

 

La passante

Hier, j'ai vu passer, comme une ombre qu'on plaint,
En un grand parc obscur, une femme voilée:
Funèbre et singulière, elle s'en est allée,
Recélant sa fierté sous son masque opalin.


Et rien que d'un regard, par ce soir cristallin,
J'eus deviné bientôt sa douleur refoulée;
Puis elle disparut en quelque noire allée
Propice au deuil profond dont son coeur était plein.


Ma jeunesse est pareille à la pauvre passante:
Beaucoup la croiseront ici-bas dans la sente
Où la vie à la tombe âprement nous conduit;


Tous la verront passer, feuille sèche à la brise
Qui tourbillonne, tombe et se fane en la nuit;
Mais nul ne l'aimera, nul ne l'aura comprise.

Émile Nelligan

Et encore ''Les passantes''

Par Antoine Pol

Je veux dédier ce poème
A toutes les femmes qu’on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu’on connaît à peine
Qu’un destin différent entraîne
Et qu’on ne retrouve jamais
A celle qu’on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s’évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu’on en demeure épanoui

A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu’on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu’on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa main

A la fine et souple valseuse
Qui vous sembla triste et nerveuse
Par une nuit de carnaval
Qui voulut rester inconnue
Et qui n’est jamais revenue
Tournoyer dans un autre bal

A celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près d’un être trop différent
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D’un avenir désespérant

A ces timides amoureuses
Qui restèrent silencieuses
Et portent encor votre deuil
A celles qui s’en sont allées
Loin de vous, tristes esseulées
Victimes d’un stupide orgueil.

Chères images aperçues
Espérances d’un jour déçues
Vous serez dans l’oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu’on se souvienne
Des épisodes du chemin

Mais si l’on a manqué sa vie
On songe avec un peu d’envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu’on n’osa pas prendre
Aux coeurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu’on n’a jamais revus

Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l’on n’a pas su retenir.

 

Extrait Des Emotions poétiques

[M. de Saint-Michel]

La passante
Hier, j'ai vu passer, comme une ombre qu'on plaint,
En un grand parc obscur, une femme voilée:
Funèbre et singulière, elle s'en est allée,
Recélant sa fierté sous son masque opalin.


Et rien que d'un regard, par ce soir cristallin,
J'eus deviné bientôt sa douleur refoulée;
Puis elle disparut en quelque noire allée
Propice au deuil profond dont son coeur était plein.


Ma jeunesse est pareille à la pauvre passante:
Beaucoup la croiseront ici-bas dans la sente
Où la vie à la tombe âprement nous conduit;


Tous la verront passer, feuille sèche à la brise
Qui tourbillonne, tombe et se fane en la nuit;
Mais nul ne l'aimera, nul ne l'aura comprise.
Émile Nelligan

Et encore ''Les passantes''
Par Antoine Pol

Je veux dédier ce poème
A toutes les femmes quon aime
Pendant quelques instants secrets
A celles quon connaît à peine
Quun destin différent entraîne
Et quon ne retrouve jamais
A celle quon voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, sévanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Quon en demeure épanoui
A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Quon est seul, peut-être, à comprendre
Et quon laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa main
A la fine et souple valseuse
Qui vous sembla triste et nerveuse
Par une nuit de carnaval
Qui voulut rester inconnue
Et qui nest jamais revenue
Tournoyer dans un autre bal
A celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près dun être trop différent
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
Dun avenir désespérant
A ces timides amoureuses
Qui restèrent silencieuses
Et portent encor votre deuil
A celles qui sen sont allées
Loin de vous, tristes esseulées
Victimes dun stupide orgueil.
Chères images aperçues
Espérances dun jour déçues
Vous serez dans loubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare quon se souvienne
Des épisodes du chemin
Mais si lon a manqué sa vie
On songe avec un peu denvie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers quon nosa pas prendre
Aux coeurs qui doivent vous attendre
Aux yeux quon na jamais revus
Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que lon na pas su retenir.
 
Extrait Des Emotions poétiques

Très beau poème d'Emile Nelligan (que je ne connaissais pas.)

Il y a aussi, bien sûr, dans la même thématique, celui de Baudelaire:

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