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(Carte blanche) à Claude Minière, "Des enchaînements différents"


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Posté 21 novembre 2018 - 10:57

 

Des enchaînements différents

6a00d8345238fe69e2022ad3c176d8200b-100wiCâest parfois un « simple » enchaînement des phrases qui dit dâun écrivain lâorientation de pensée, ses logiques et son affectivité. Qui, dâun auteur à lâautre, révèle une différence
fondamentale. Qui souligne concordances et divergences.
 
Dans le dernier numéro de la revue LâInfini parait un extrait du Journal de lâannée 2017 de Marcelin Pleynet. A la date du jeudi 26 octobre :

« Sur la place de la Concorde, que je traverse deux fois par jour, les fontaines de Hittorff et lâobélisque de Louxor, matin et soir, percent lentement lâair embrumé qui enveloppe la place⦠Il faut vivre, il faut absolument vivre puisque câest notre destin, à nous autres humains, de savoir que nous sommes mortels⦠
Nâen demandez pas plus ! »

Durant lâannée 1940, Georges Bataille écrivait comme une sorte de journal ce qui sera publié sous le titre de Le coupable. La place de Paris y est alors associée à la mort, la mort dâun ami, Maurice Heine, lecteur de Sade et de Hegel, décédé quelques semaines avant que soient écrites les lignes suivantes :

« H. est mort, que jâaimais bien, qui arrivait comme un spectre se glisse (un très vieux spectre affable). Je le voyais rarement. » et

« Jâai traversé plusieurs fois la Concorde, qui, jadis, fut la place de la Terreur. Le peuple a tous les droits⦠Il est logique et nu que H. soit mort. »

Dans mes lectures je suis toujours « touché » par les points de suspension et très attentif à la manière dont on passe dâune phrase à la suivante. Chez Pleynet les enchaînements sont à mon sens remarquables de brusquerie et dâenvolée. De ligne entre les lignes.

Claude Minière


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