Il fait mieux que papa ou Coca,
Mieux que Ford ou Toyota,
D'origine ou de contrefaçon,
Du plus humble au plus grognon,
De base ou serti de diamants,
Il assure son rôle imparablement.
Comme dans le porc, chez lui tout est bon
Mais Il épouse toutes les confessions,
Toutes les causes, toutes les trahisons,
Toutes les supercheries, toutes les exactions...
De Beyrouth à Kandahar,
De Mogadiscio aux Parterres des Cafards,
Tu sors ton blé et Il déboule,
Comme Frère de route, c'est de la semoule.
Un enfant peut bosser avec,
Il est léger comme une thèse d'évêque
Et même pour toi, ma petite poule,
Le faire roucouler ça sera cool.
Toi qui hier a fêté tes huit ans,
Entourée de rires, de danses, de chants
Dans l'école où tu apprenais à compter
Et qui depuis ce matin est rasée,
Sois certaine que le chef de guerre
Qui ce soir fera de toi une violée prépubère
Te l'offrira aussitôt terminé
Sa sale besogne de taré infecté.
Le doute n'est pas permis, Il n'est pas en carton,
Lorsqu'on le brandit pour briser des dents.
Son seul credo c'est faire couler le sang
Et non de pérorer entre deux verres de Bourbon.
Quant aux leçons qu'Il donne
Partout sur la terre des hommes,
Elles font pousser des champs étranges
Où les vautours déchirent les anges.
Cette terre des homme si chère à Saint-Ex
Où les Petits Princes sont plastiqués au Sempex...
Que dirait-il s'il apprenait que ses mots-passions
Servent à justifier la fuite et l'abandon?
Silence sur les charniers à ciel ouvert?
Silence sur les tétons coupés au couteau?
Silence sur les viols ordinaires?
Silence sur l'acide étalé sur les peaux?
Tu n'y es pas ferme ta gueule!
( le fantasme de tout bon dictateur )
Laissez-les donc crever tout seuls!
Moi, j'en profite pour faire mon beurre!
Les tortures et les massacres
Seraient donc des fantasmes d'écrivains?
Alors, tirons notre crampe loin des impacts
Et surtout ne relayons rien...
Moi, si je croise Antoine, un soir,
Au comptoir du bar où personne ne gagne,
Je veux pouvoir soutenir son regard
En claquant les coupes de Champagne.
Que les insoumis entrent enfin dans l'arêne,
Les autres pourront toujours troncher la reine;
Le pouvoir n'est qu'une pute insolente:
Tel est mépris qui croyait pendre!
Quelque soit la blessure africaine
Qui, sans nul doute, anémie certaines veines,
Il est des faits qu'on ne peut taire,
Même si on parle à la poussière;
Même si c'est pour cinq ou six
Grands imbibés ou piliers d'églises,
Vois-tu mon ami, car tu l'es vu de moi,
Ces quelques là ne pourront plus dire: je ne savais pas
Que les pauvres viennent crever par centaines sur nos plages,
Que les guerres ne sont pas des preuves de courage,
Que l'horreur humaine repousse sans cesse ses limites,
Que les marchés boursiers dérégulés sont des machines à tuer,
Que la surpêche occidentale dans les eaux internationales
Condamnent des centaines de traditions ancestrales,
Que dans le pacson d'héroïne
Coule le sang des paysans qu'on opprime...
Oui, mon ami, si je croise Antoine un soir
Sur le tarmac du Grand Nulle Part,
Je veux sans douter serrer sa main,
Convaincu d'être devenu un être humain.
Dire c'est exister!
Dire c'est retrouver la mémoire!
Dire c'est se réinventer!
Dire c'est réapprendre l'espoir!
Ca devient une urgence, j'insiste, prioritaire
Que d'élever le débat à une hauteur supérieure,
Et peu importe la voix qui osera la première
Dire qu'il est primordial d'affronter ses peurs.
Car si nous nous résignons à ne rien dire,
A continuer de nous repaître du meilleur du pire,
Bientôt il n'y aura plus qu'une divinité sur une terre
Devenue un sac de noeuds pire que l'enfer
Et ce seul dieu adulé qui règnera sur la planète
Ca sera ce putain d'enculé d'AK 47!
