Longtemps
Nous nous souviendrons
De ce jardin jadis lumineux
Aujourd'hui, fosse commune phosphorescente
Où les ombres des tourbières
Abritaient d'anciennes lumières
Des perles d'éloquences amoureuses
Ce marécage
De larmes désenchantées
Et de serments abscons
Que les soupirants ont versées
Aux douves et aux donjons
De nos navrures sentimentales
Ce marécage
Où nos cœurs en rage
Ont déposé leur douleur
Au pied du grand héron
Avec des quenouilles et des joncs
Et de languissants silences
Où dormaient les immortelles blanches
Nous retournerons ensemble
A ces marécages d'âge tendre
La mémoire toujours chagrinée
Aux cruels baisers chafouinés
Alors nous ouvrirons les yeux
Pour voir la valse des feux-follets
Sur les eaux infectes des amours mortes