À la verdoyante vallée chantent les animaux,
papillonnent les hommes, roucoulent les oiseaux,
Mais les couleurs vives des feuilles mortes
En dévoilent plus que d'autres exhortations
Sur ces anciens océans qui tourbillonnent,
D'envies et de mystères
De folies et de charmes
De jalousies...
Ils sont les interprètes de ce monde,
Les passions viennent y grandir
Les mots viennent y naître
Et le bleu de leurs courbes
Caressent les regards, les esprits aguerris
Et le cœur des artistes.
Sur ce firmament impalpable,
Où nombreux rêveurs avérés envoient
Leurs cœurs se blottir
Leurs âmes fleurir...
On y décrocherait bien
Les étoiles les soleils les vaisseaux
Et ces planètes sempiternelles
Pour s’asseoir dans les nuages angéliques,
Pour dormir sous les brumes du ciel,
Le ciel des hommes le ciel des dieux.
Sur cette vieille Terre également,
Qui suppure et souffre de toute part
Qui cri crache et craque
Comme dans un dernier réveil d'agonie...
Mais depuis toujours elle se bat
Se joue des attaques
Abhorre et moque, en secret, fleurs et tourtereaux,
Elle serait reine au pays des reines
Géante parmi toutes,
Elle arbore son immensité
En un éclat de joie monstrueux
Et montre que, même damné,
On peut encore goûter au monde.
Sur cet univers aussi,
Grand et puissant seigneur
Qui inspire le monde
Et abrite l'infini...
Il faut être bien prétentieux
Pour ne pas le chérir
Allons, le courtiser !
Des tréfonds lactés de nos ventrailles montent
Les cendres de son sein terriblement vide,
Les grandeurs de sa majestueuse noirceur.
Et sur nous enfin,
Pauvres bêtes
À qui la simplicité d'essence
Ferait envier notre créateur...
L'état de nature nous enlaidit
Mais sans laideur nous perdrions
Ce quartier de constellations charnues, tout inutile,
Cet espoir météore, où les monstres de conte se baignent,
Cette chaleur sous l'azur qui remonte jusqu'au zodiaque,
Cette bêtise humaine.
Les couleurs vives des feuilles mortes
Recèlent toutes entières
Les souvenirs, les regrets,
La vie poétique.