Heureux qui ,comme Idriss, a fait un beau voyage
Et comme cestuy-là qui vainquit les prisons
Jamais ne retourna, plein d’usage et raison
Vivre entre ses parents le reste de son âge.
Jamais ne reverrai de mon petit village
Fumer la cheminée en aucune saison
Ni brûler les maisons ou bien tous les carnages.
Pourquoi revoir le clos de ma pauvre maison
Qui jamais ne produisit un seul avantage ?
Moins me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux
Que des palais français le front audacieux.
Plus que le pisé dur me plaît l’ardoise fine.
Plus ce Loire gaulois que le Tigre irakien
Plus ce petit Liré que les monts éthiopiens
Et plus que l’air marin, la doulceur angevine.
Car dans cet air marin, méditerranéen,
Ce bel air italien, maltais ou sicilien
Je le jure, j'ai vu noyés tous mes copains.