D’abord il y a celui qui réveille
Qui enchante ses mots pour mieux passionner
Qui rallume les brasiers des froids théorèmes
Qui rend agréable
Même les plus absconses des petites monstrations
Par les sourires et l’humour.
Mais il est inévitable qu’on le perde de vue
Et on se perd un peu soi-même, on s’évite un peu
Soi-même on le redemande de tout son cœur
Et il revient de tout son feu
Flamboyant de passion et de joie,
Rallumant de ferveur ambitieuse
Les brasiers de la volonté.
Enfin arrivé à terme, dans le temple du
Savoir, on nous délaisse sans façons
À un gentil tyran lisse et destructeur de
Toute volupté et de toute intuition
Qui verrait objectivement des bijections dans un poème.
Nom commun, il sévit dans le palais du doute et de la renommé
Haut lieu de l’échangé de la sagesse
Contre l’éloquence et l’utilitaire.
Et bientôt arrive un amoureux savant, l’incroyable incrédible
Incressible incressable incrassable incassable
Amoureux du monde amoureux de la joie
Qui me montre une joie, un monde
Rafraîchissants.
Il ferait presque oublier la sagesse derrière sa faconde déguenillée, trébuchante, tressaillante,
Véritablement naturellement mathématiquement
Mathématique et naturelle
Véritable loquacité irrespectueuse.
Mais tiens la sagesse, parlons-en
Car le seul homme qui ait valu parmi eux bien plus
Bien plus qu’une princesse en or dans un monde de violettes
Bien plus que des sentiments conjugaux dans du papier de verre
C’est l’Oberkampf, digne roi de la sapience.
Sur le champ de ma vie, il fit pousser mille bonheurs
Sur le cours de ma bataille il fit déposer mille questions
Et jamais je ne pus sortir quelques mots amicaux pour lui
Étouffé par son atmosphère de divinité savante.
Alors, en perdant mes attaches, je suis devenu un kobold modeste
Protégeant, pour ma vie, l’entièreté de son discours
De ses tirades grandioses et de ses formules prodigieuses.
Son nom est « je suis »,
Bûcher ardent à jamais dans mes tripes douloureuses.