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(Note de lecture), Eric Sautou, La Véranda, par Jean-Pascal Dubost


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#1 tim

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Posté 01 janvier 2019 - 10:04

<p> </p>
<p class="MsoNormal blockquote" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';"> <a class="asset-img-link" href="https://poezibao.typ...4f888200c-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Sautou" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e2022ad384f888200c img-responsive" src="https://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e2022ad384f888200c-100wi" style="width: 100px; margin: 3px 15px 5px 5px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="Sautou" /></a>On entre dans un tombeau, la dédicace nous indique de qui, « <em>En souvenir de Marcelle Sautou (1928-2014) </em>», la mère de lâauteur, lequel fait suite au juste précédemment paru, <em>À son défunt<sup>1</sup></em>, série de poèmes à la mère disparue également, qui sâachevait sur une photo de celle-ci.<br />Le motif de la véranda, et les poèmes, dès les premiers vers,<br /><br /><em>mon visage<br />est le même et moi-même qui dans<br />la véranda<br />reste là qui suis assise<br />seule<br />je me sens<br />seule<br />et seule<br />et moi<br />qui reste là qui suis assise<br />seule<br /></em><br />nous fait, et font, songer, bien que lâÅuvre dâÉric Sautou nâait rien et absolument rien de naturaliste, songer à quelques toiles dâEdward Hopper représentant des femmes seules devant une grande fenêtre ou une baie vitrée et semblant ne regarder rien sinon le temps passant (<em>Room in Brooklyn</em>, <em>Western Motel</em>, <em>Cape Cod Morning</em>, et bien dâautres). Un effet ralenti du temps, mélancolique, dâun temps qui passe sans que rien ne se passe, en les apparences toutes faites. Tout arrive ici dans <em>La Véranda </em>dans lâextrême ténuité des choses, et tout particulièrement dans la chute des feuilles. La véranda est un lieu dâobservation, dont on sâabsente pour être dehors, où on nâest pas, on y regarde, un lieu de rêverie absente, « <em>parce que câest nulle part (parce que) </em>».<br /><br />Faire le deuil de quelquâun, câest opérer ce travail destiné à accepter la séparation définitive, le vivre-avec-sans, mais, surtout peut-être, à couper avec ce qui fut et ne sera plus. Il nâest pas sûr que lâensemble composé par Eric Sautou fasse deuil. En effet, sous une forme initiale de prosopopée, laissant la parole à la défunte, le poète sâimmisce progressivement dans la parole de sa mère, au point où parfois il nous advient de ne plus savoir qui parle, la mère ou le fils, quand « je » est prononcé, « <em>jâai besoin de parler de ne parler quâà toi/et je te dis des choses/comme ça pendant des heures</em> ». Cela se passe, et câest peut-être ce qui se passe dâessentiel, dans la lenteur où les mots sont posés, et pèsent dâune mystérieuse légèreté, avec beaucoup de raffinement et de délicatesse, sans ostentations, imperceptiblement, en façons de ritournelles ; car le ressassement, chez Eric Sautou, a lâélégance ritournelle dâun prélude à la mort. Deux solitudes profondes sâaccompagnent, se comprennent, sâétreignent, sinon fusionnent. Alors la séparation nâopère pas vraiment, le fils rejoint la mère plutôt quâil sâen détache. Il la rejoint dans la véranda, une véranda mentale, espace de retrouvailles, lieu dâattente, purgatoire. Câest une voix menue qui se fait entendre, comme suspendue à ces feuilles dâautomne qui sâaccrochent encore à la branche avant de tomber, à un fil de vie. Et alors «<em> la mort est une idée qui passe</em> »â¦ Comme ces grands blancs entre les vers, ces gouffres de rien.<br />Eric Sautou, câest la voix de personne, en personne. Une voix dâune très grande délicatesse, sâeffaçant, qui reste en surface du réel, en toute apparence, encore, « <em>jâai ma voix pour personne et qui attend</em> ». Parfois les mots semblent vouloir effacer ce qui vient dâêtre dit : « <em>personne nâest là je ne sais pas/comment je fais plus le temps passe/ce que je dis parfois je ne sais pas/comment je fais plus le temps passe ce que je fais je ne sais pas </em>», exprimant, dans la plus grande discrétion, le regret dâêtre.<br />Mais une véranda est aussi une pièce lumineuse, quelle que soit la couleur du ciel, et même si « <em>le jour est sombre</em> » ; câest pourquoi cette <em>Véranda</em>, qui est un tombeau, est un tombeau lumineux.<br /><br /><sup>1</sup> <em>À son défunt</em>, Faï Fioc, 2017<br /><br /><strong>Jean-Pascal Dubost<br /></strong><br />Eric Sautou, <em>La Véranda, </em>Unes, 40 p., 14â¬<br /><br /><br /></span></p><img src="http://feeds.feedburner.com/~r/typepad/KEpI/~4/mBssfc6hfLY" height="1" width="1" alt=""/>

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