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Ils troublent les pensées.


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#1 michel à franquevaux

michel à franquevaux

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Posté 22 janvier 2019 - 11:18

Ils se posent et commencent une histoire, ils sont venus du loin, ils partent vers l’azur, ils ont consommé toutes les habitudes, ils conservent le temps, ils dépensent l’angoisse et le refus intraitable et idiot, ils bâtissent des maisons et des granges pour y attendre encore et longtemps, le bien venu, le bien public, les épreuves, l’orage. Ils se défendent et foncent au ciel pur, ils sont accumulés et sans rien sur le temps, ils défoncent le sol et tournent les cailloux. Ils sont à son seul nom, ils sont une seule ambassade, ils descendent.

Ils troublent les pensées, ils échangent le temps et troublent ceux qui passent, ceux qui dorment, ceux qui engendrent dans l’eau trouble, d’un pas serré, d’un pas peureux, des tourbillons dans la mare. Un monde fait surface, ils troublent les pensées, ils échangent du temps et des orages, ils fabriquent des guerres, ils déploient des bannières, ils enfantent la peur, ils dévoilent le trouble, ils enfoncent clou par clou, fibre à fibre, les erreurs, le scandale, ils se démènent et tirent un fil, puis l’autre, puis l’autre, le trouble est certain.

La gloire est improbable, les erreurs sur la bouche, la fange au ciel contée, un tout seul se penche et lit le sort sur cette tourbe, ils sont enfants et rois, et courent au loin. Je les vois poindre sur l’horizon, ils cachent leurs visages, ils sont nus et troublés, ils entendent le flot, ils grandissent au jour, ils sont nus et fragiles et forcent le respect. Il y a sur leur cœur des poils, des évidences, de grands calices d’or, des mains serrées, tannées sur le cuir même, ils enlacent, ils dépendent, ils tirent les sillons, laboureurs malhabiles, tordeurs effarouchés.

Ils serrent les ceintures et lissent leur peau, ils sont aveugles et nus et sertis de grandeur, ils affolent à leur passage, la volupté dorée étend sur leurs épaules des franges de raisons, des escaliers de marbre, ils sont grands, ils sont rois et enfants de lointaines saisons, ils grandissent sous les tapis étalés au sable jaune et fragile, dans le clair, ils défont une à une les passions et le temps les attrape. Ils arrachent au ciel la fureur, le refus, ils sont en contrebas, ils figurent sur l’onde, ils penchent et ils retombent et ils se traînent loin.

Une bulle après l’autre crève la surface, les mondes naissent et tremblent et glissent sous leurs yeux, ils étranglent et transpirent et rêvent encore loin et dépensent leurs tendres mains posées aux genoux des enfants, dans la solitude sucrée du jour qui vient à temps. Les mondes naissent et meurent et revivent encore, la confiance nue mêlée au temps passé, ils écartent le ciel, ils domptent leurs ardeurs, ils recommencent et peinent et chantent pour eux seuls, ils sont nus et splendides et dans l’ombre, des armes.

Il leur faut encore commencer un travail épuisant, une tâche sans lendemain. Les poules, les vaches, les chèvres broutent, broutent, dévorent les talus, arrachent les brins d’herbe. Les oiseaux volent au ciel tremblé, au dire sans le faire, à la défense endimanchée, empourprée, au rien à en dire, au rien à en faire, sans espoir et sans doutes. Ils se déconstruisent et posent sur l’eau le sac des certitudes, le sac de l’espérance, l’abandon, les outrages, les erreurs et la chair gonflée et rouge, sur la route, sur le dos, en plein ciel, en plein ciel.

Dans le soleil clair, dans la chaleur rentrée, ils effacent d’eux même les boucles et les rides et les riens sur le tard et le plein, au papier.

20 Juillet 2009.