Aller au contenu

Photo

« Lisière trouble des métamorphoses »


  • Veuillez vous connecter pour répondre
Aucune réponse à ce sujet

#1 tim

tim

    Administrateur

  • Administrateur principal
  • PipPipPipPip
  • 5 689 messages

Posté 23 janvier 2019 - 07:55

Jean-Louis Clarac, poète, et sa compagne plasticienne Françoise Cuxac, signent un livre, cousu de fil rouge et de merveille, aux éditions Ed le petit véhicule.

clarac-df31a.jpg?1548330167
Dans la belle collection « La galerie de l'or du temps », ce livre, cousu de fil rouge et de merveille, est un vrai coup de cÅur. Luc Vidal, qui connait bien les Åuvres des deux créateurs, y signe une éclairante et chaleureuse préface.
Françoise Cuxac propose deux fascinantes séries de 12 sculptures-peintures, et Jean Louis Clarac, en écho inspiré, les accompagne d'une ample méditation poétique. Tous deux nous aventurent en beauté à la « lisière trouble des métamorphoses ».
On est saisi face aux étranges créatures de l'artiste, comme surgies d'un imaginaire immémorial, de mythes millénaires, ou de l'onirisme des métamorphoses. Elles se dressent, troublantes, avec la force des idoles, des visions chamaniques, nous font sentir la présence vitale des éléments, la Terre-mère, la fécondité,le foisonnement de la vie. En leur corps greffés, des signes symboliques, scarabée solaire, serpent primordial, lézard ou gecko qui change de peau. La deuxième série semble plus intime, évoque la mémoire, les strates du temps, les secrets et peurs de l'enfance, les éclosions, l'envol, sorte d'archive rêvée aux couleurs de songe.
« Je pars de la matière » nous dit l'artiste, et le livre entier s'offre à « la rêveuse matière » (Ponge). De ses récoltes de traces végétales, animales, minérales, humaines : os, plumes, insectes, mousses, tissus, ailes, cocons, coquillages, branches, perles, naissent ces Åuvres singulières, effaçant les frontières entre les règnes, où l'on voit soudain le sang de l'arbre, la tête arborescente, les robes d'ailes, les plumes-flammes, les corps qui germent⦠Le tout magnifié par la beauté des couleurs, la profondeur et l'intériorité des assemblages.
Bref, « sertir dans la beauté ces traces vieilles comme le monde » dit Jean-Louis Clarac, dont le poème se déploie, porté par un lyrisme où les reprises rythment l'avancée humaine à travers mystères et merveilles, parmi les vies grouillantes, éphémères. Porté aussi par un « Nous » très vaste, il médite sur « l'être étrange qui nous habite », nous fait sentir « le souffle de la lignée » qui « traverse l'aire du vivant », célèbre la beauté qui nait parfois du métissage. Il s'interroge sur les formes possibles de la matière, nous rappelle notre part animale, parfois monstrueuse, notre appartenance à la terre, aux éléments. Il dit l'incomplétude des concepts, la fluctuation de nos savoirs. Son poème s'infuse d'embruns, de fragrances, de vibrations, se gorge du « jus de la vie inventive », s'emplit de « ferveur fiévreuse ». Il nous immerge dans le temps très long, nous ouvre à la beauté troublante de « l'indécision ». « Sommes-nous homme ou femme / au sortir de la bête ». Il donne à voir et à penser : « peut-être est-ce du visible que nait l'onirique », car l'imaginaire, loin de nous éloigner du réel, l'explore, le prolonge, le questionne,le transforme, parfois le dévoile.

(Jean-Louis Clarac et Françoise Cuxac : « Lisière trouble des métamorphoses » Ed le petit véhicule 2018, 25 â¬)
jacqueline Saint-Jean



Voir l'article complet