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Ludovic Chancel, le milan noir.


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#1 Hubert-Albert Clos Lus

Hubert-Albert Clos Lus

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  • Une phrase ::Ex-prof d'anglais, joueur d'échecs. Père d'une fille handicapée mentale.
    Auteur de CHANTS DES VIES DIFFICILES éditions Sydney Laurent 2019

    Proverbe: O Bretagne, tu iroises mon coeur

Posté 05 février 2019 - 04:56

Je suis fils de Ringo,
mon père au cheveu noir.
Je  suis né milan noir.
 
Je suis fils de Sheila,
ma mère au clair regard.
Je suis né milan noir.
 
Je ne sais me poser.
Je ne sais que planer.
Je suis né migrateur.
 
Quand je suis né, bébé,
on voulait me bercer .
Je voulais être ailleurs.

Se balancer, d'accord;

Mais là-bas, vers l'aurore.

 
A l'école, bien sûr,
rester entre quatre murs
fut pour moi une torture.

Et dans chaque ouverture

Je guettais l'envoloir.
 
Je suis né milan noir,
rapace migrateur,
oiseau perturbateur.

Je ne peux me refaire.
 
Adolescent, la vie
gagna en amplitude.
Je pris de l'altitude.
 
Je m'envolais sur l'heure,
toujours sans préavis.
Revenais tard le soir.
 
Le ciel que rien ne cerne
m'enivrait comme nectar.
Car tout me semblait terne
Au sol de désespoir.
 
Je suis un milan noir.
La nuit, c'est ma couleur,
celle que je préfère.
Je suis fils de mon père.
 
Et toutes les lumières
des boîtes, discos, bars
attiraient mes regards.
Je vois tout sans efforts.
Je vois tout au laser.
Je suis un milan noir.
 
 
Qui m'a fait ces cheveux? Mon père.
Qui m'a fait ces grand yeux? Ma mère.
Mais qui m'a fait ces ailes? ça, c'est le mystère.
Car bientôt avec elles, j'approcherai la Mort.
 
Adulte, un pied-à-terre
Bientôt me fut offert.
L'expression fait horreur.
Moi, je ne vis qu'en l'air

Et surtout sans repaire.
 
Je suis un milan noir.
Je me nourris de vent.
J'aime mieux le Levant,
comme tout migrateur.
 
Et je migrais souvent
En France, vers le Sud.
Tiens, on dirait le Sud,
Tout là-bas, sous mes serres.
 
 
Et parfois, mon cri d'or
Résonnait dans un bar,.
Un micro au hasard.
Le fils de Ringo Star
Est chanteur, il faut voir.
J'étais un milan noir.
Pas un milan royal.
Je mettais de l'ambiance
Avec ma puissance.
Mais n'étais qu'avatar
D'un chanteur national
A vraie voix de ténor.
 
 
Alors , pour arrêter mes vols en solitaire,
Je me trouvais partout d'autres amis rapaces; 
Des planeurs chevronnés, des premiers de la classe,
Qui, comme moi, n'aimaient que survoler la terre.
Ils m'apprirent à virer ou tourner sur place,
A prendre de l'élan vers les cieux éthérés
A monter, toujours monter, degré par degré,
Plus haut encore, là-haut dans la stratosphère.
A trente-six ans, j'appris vertige et tournis
A trente-sept ans, j'appris de nouveaux circuits.
A trente -huit ans, j'appris à surplomber la nuit.
A trente-neuf ans, j'ai appris à voltiger.

A quarante ans, je volais même sans bouger.
A quarante et un ans, l'école était finie.
A quarante deux-ans, j'ai appris à plonger.