Je vous ai trouvée
Par un matin brumeux
Au bord d'une route
Je crois que c'était une route en gravier
Ou peut-être, était-ce
Dans une futaie d'épinettes noires
Ou plutôt dans mon imaginoire
À l'horizon infini
Sur une mangeoire
Avec des graines de tournesol
Qui vous rendaient folle
Et je vous ai déposée
Au sommet d'un arbre
Dans un petit nid d'or
Fait de brindilles et de boue
Mais mon cœur, où avais-tu la tête?
Les saisons tournent
Tu le savais pourtant
Les vents outrecuidants
Se lèvent à l'automne
Et l'hiver brise les amours
Que le printemps a vues naître
Cette dam'oiselle à la huppe azurée
Et à l'odeur de marais salés
Babillait de sa gorge frêle
Un cui-cui fébrile
Et nous aimions tendrement
Ce caquetage plaintif
Je sais, je sais
Mais quand même mon cœur
Je te le redemande, où avais-tu la tête?
L'été terminé
Nos navrures inconsolées
Nous contemplerons son envol
Vers ces illusions australes
Et après ce jour cafardeux
Dans notre toundra mélancolique
Nous ne rêverons qu'à son retour
Mon cœur, où avais-tu la tête?