Rappelez-vous
Ce pays lent, alangui
Aux paupières closes
Velours blancs
Aux cils glacés
Sans magie
À la bouche scellée
Silence mat et glacial
Rappelez-vous
Ses pigeons bisets
Dans la blancheur étale
Et ses tourterelles tristes
Du pergélisol palpable
Rappelez-vous
Ces oiseaux qui sillonnèrent
Son improbable existence
Dans les beautés lumineuses du Nord
Du clocher pointu à l'érablière feuillue
Rappelez-vous
Ce pays trop lent, trop alangui
Immobile sous la neige
Engourdi sous un gisant lustré
Rappelez-vous
Les trémulations de sa forêt boréale
Et ses renards roux
Et ses belettes bourlingueuses
Qui labourèrent sa terre chagrinée
Par des hivers hostiles
Rien que pour le bonheur
D'entendre à chaque printemps
La sittelle rieuse et le bruant chanteur
Appeler ''Frédéric, Frédéric''
Mais qui peut railler ce pays?
Qui ne voudrait freiner sa mort?
Vous les hommes
Des poussière des villes
Et vous les femmes
Des embâcles difficiles
Avez-vous oublié ce pays endormi?
Il semble si paisible sous la neige
Accreire qu'il est mort avant de naître
''Le froid est devenu le symbole de la survie de l'humanité''
Daniel Chartier du Laboratoire sur l'imaginaire du Nord.