Je sors de la grande tour à malheur
Celle qui torture des générations de futurs diplômés
Celle qui broie les cervelles.
C'est fini, fini pour toujours, passer la porte,
Marcher un peu, tout droit,
C'est l'équinoxe d'été.
Mettre la jambe droite
Sur le sol
Ressentir un caillou,
Deux cailloux
Je respire la mort des autres et le désespoir
Quand pour moi tout est fini.
Fini dévasté, une vie laissé dans le fort du malheur derrière moi
Et j'avance et encore et sans réfléchir j'avance
Et il fait soleil et la nuit se couche sur mes problèmes
Et il fait chaud et hyalin et mon cœur n'a jamais été aussi terne.
La fin des doutes et la décrépitude
enfin libre mais mort de l'intérieur
C'est l'équinoxe
On change d'hémisphère céleste
Je change de sphère anthropique
Je viens voir les hommes de mérite
Les hommes de condescendance
Descendant de condescendant
De descendant en descendant
Ils ne descendent jamais au bas peuple.
Bas peuple j'étais bas peuple je ne serai plus
Je marche vers la fin de mes soucis.
Pourtant
La liberté meurt à 11 ans et demi
Car l'âge fait naître la réflexion
Et le déterminisme
Que l'insouciance enfantine à toujours renié.
Je regrette les œillères de mon enfance
Qui échappaient aux horreurs de transformée
Et qui se jouaient de leur avenir.
Ici je n'ai plus de rien et je suis admis vieux et laid
Je suis condamné à la réflexion
Condamné aux hautes éducations prétentieuses
Et je marche droitement vers ma destinée.
Je décide de prendre le train
Qui me fait transfuge de monde
Et toute mon histoire disparaît dans le creux des rails
Hémolyse de mon sang de guerrier
Je ne suis plus qu'une loque heureuse
Et transfiguré
Visitationné par les stationnant désir
Belliqueux
Je rentre joyeusement chez moi
Quand tout mon moi décompose dans sa rébellion.
Trop tard le changement de classe est advenu
À moi les piano à queue et le mépris
Au revoir l'accent du bitume et les chaussures troués
Plus jamais je ne serai moi.
L'équinoxe d'été au printemps fend mes ardeurs magnanimes
Mes souvenirs de manque et mes désirs de plus
Seront maintenant noyé dans un esprit contristant
Électrise mes projets
Mécanique du vent
Physique de la procréation
Je suis un mort de vivant
Je suis une merde savante
Un Baudelaire sans talent
Et aisé
Et heureux.
Je me répugne par ce qu'il me reste de bon sens
Et la fin de ma désire protéique
Achève la fin de mon moi.
Après quelque réflexions éteintes et insipides
Décoloré de misère
Perclus dans la richesse et l'idiotie
Ecœuré par le melliflu du monde où je vais
Celui aisément crade
Intriquement salopé
Incertitudement dégueulé
Fonction d'onde probablement déchirante
Déchire mes lueurs obscurantes et
Superpose mes ardeurs zététiciennes.
Arrivé chez moi,
Le Soleil est au zénith là-haut
L'équinoxe n'est peut-être pas un mensonge
Mais demain, dès l'aube,
Je repartirai.
Équinoxe d'été
#1
Posté 17 mars 2019 - 03:00
- M. de Saint-Michel, Julien Hoquet, patricia moles et 1 autre aiment ceci
#2
Posté 17 mars 2019 - 03:48
quelle tristesse et longue plainte d'un bout- à -bout du poème. Mais on peut vivre, même surdiplômé sans oubler ses racines et ne pas en avoir honte. Rester libre de ses attaches pour que demain reste encore au zénith et résister pour sa liberté intérieure.
- M. de Saint-Michel, Julien Hoquet, patricia moles et 2 autres aiment ceci
#3
Posté 17 mars 2019 - 04:51
Très intense, pour un scientifique.
- M. de Saint-Michel et patricia moles aiment ceci
#5
Posté 18 mars 2019 - 09:57
"Nul n'ira dans le royaume des cieux, s'il n'est pareil à un enfant " Jésus.
Retrouvons notre insouciance enfantine, si c'est possible ...
Amitiés, Patricia.
#6
Posté 18 mars 2019 - 03:09
"Nul n'ira dans le royaume des cieux, s'il n'est pareil à un enfant " Jésus.
Retrouvons notre insouciance enfantine, si c'est possible ...
Amitiés, Patricia.
Je donnerais beaucoup pour retrouver l' insouciance, l' implication aveugle que j'avais enfant! Je crois malheureusement que ce n'est pas possible, ou alors pas entièrement. Profitons plutôt des belles choses du monde adulte : la raison, l'amour, la poésie, et tant d'autres encore
- patricia moles et Laurence HERAULT aiment ceci