Je me suis fait du cinéma
Assis sur ce banc public
Et ça m'a fait drôle de vous voir
En promenade dans ce tableau romantique
Par ce ciel beau comme un Magritte
Je contemplais vos cœurs de cerf-volants
S'envoler avec une pléiade de baisers
Et d'après mon scénario
Je vous entendais rêver si fort
Une petite maison bleue
Un jardin tout en fleurs
Et des rires d'enfants
Comme une ronde de bonheur
Que de rêves vous aviez
Lorsque derrière une rangée de cyprès
Vous êtes disparus de ma rêvasserie
Et puis, la cadence de mon cœur
S'est rythmé aux saisons surréalistes
Songeur comme une statue
Seul sur ce banc public
Les années ont défilé
À un train d'enfer
Et lorsqu’une vielle dame trop réelle
Est apparue
Sortant de l’allée des cyprès
Tordue comme un arbre de Mondrian
Le dos rond comme une voûte romane
Cette vieille dame brisée
Sous le poids des amours malheureuses
Me ramenait à la réalité
C'était toi
Seulette et sans amour
Comme tu l'avais toujours été
Je m'étais fait du cinéma
De toute ma vie
Je n'attendais que toi
Jaloux comme un biniou
Au chant des sirènes
Comme dans ces préraphaélites
Que tu aimais tant...
Aux voix lancinantes
De nos vies absentes
Nous nous croyons blessés
Avant même d'aimer