MORTE EN VENDEE
Comment avais-je pu –déjà- tout oublier ,
De cet amour si beau que tu m’avais donné ?
Comment aurais-je pu, sinon, tout deviner ?
Moi , qui désirais tellement te reparler ?
Tu étais déjà morte. Ton âme envolée
Ton beau corps disloqué , quelque part en Vendée.
Comment aurais-je pu savoir ta destinée ?
Moi qui avais failli –déjà- tout oublier…
De cet amour si beau que tu m’avais donné
Au temps de tes seize ans, tu m’avais embrassé.
Et puis , j’étais parti , parti comme happé
Par la Sinistre Vie qui nous force à marcher
Vers des destins de Rien qui nous font oublier
Tous les amours si beaux , les aurores passées.
Mais comment donc avais-je pu presqu’ oublier
Tout cet amour si beau que tu m’avais donné ?
Un nom dans le journal, un matin en Vendée,
Me fusilla le cœur - tu étais décédée.
Un fatal accident, une route mouillée
Avaient pris ton beau corps ; et ton âme esseulée
Revenait m’accuser de t’avoir oubliée.
Non, ne m’accable pas ! ne viens pas me juger !
C’est la Vie la plus forte et j’ai dû m’échapper.
Comment as-tu pu croire que j’ai oublié
Ce bel amour d’un soir, que tu m’avais donné ?
Tu es devenue femme et on s’est éloigné.
Je suis devenu homme et me suis résigné.
Pourquoi devenir femme ou homme et s’oublier ?
Quand l’Amour, un matin, revient vous foudroyer ?
Amour , reviens ! Amour, tu m’avais enivré
Autrefois , sur des plages, l’été, en Vendée.
Amour, reviens , tu sais, je ne peux oublier
Tout ce que tu m’as dit, que tu m’as enseigné
Que les amours d’enfants sont les seuls à rester
Que les adolescents sont comme des voiliers
Qui continuent longtemps, malgré nous , à errer
En nos yeux, en nos corps, nos âmes égarées
En nos cœurs trop adultes , nos vies ravagées
Que ma douce Sylvie , tu peux la ramener
Qu’elle n’est jamais morte un vilain soir d’été
Que sa vie se résume à un simple encarté.
Reviens, amour ! Je veux t’entendre murmurer
Qu’avec toi, elle peut revivre, rayonner
Cette adolescente éternelle en ma pensée.
Car le temps n’y fait rien, seule peut exister
Mon amoureuse belle –- comment l’oublier ?
Alors , reviens ! , Amour, ne te fais pas prier
Amour, ô, ma grand voile, ô , goéland altier
Emporte-moi vers elle, emmène-moi, pitié !
Juste pour la revoir, pouvoir lui reparler
Fais-la revivre, dis , fais –la ressusciter
Celle qui, aujourd’ hui , est revenue me tuer