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Hadès.


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2 réponses à ce sujet

#1 michel à franquevaux

michel à franquevaux

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Posté 12 avril 2019 - 09:46

Et ils disent : je ne suis pas pour être aimé, bien forts, bien sûrs, qu’en dire, qu’en faire, ils pensent vraiment, ils assurent vraiment, ils sont certains, ils sont proches et lointains du vol des oiseaux blancs dans le ciel bleu presque pâle, presque pâle, les roseaux plient dans le vent, je ne suis pas pour être aimé et quoi d’autre, pour faire la peur, pour faire le sang dans le carnage,

pour faire de l’angoisse et du retour, les oiseaux blancs au ciel bleu pâle, si pâle, les roseaux plient, le vent souffle au fil le linge, le linge bien tendu, nettoyé, il sèche, je ne suis pas pour être aimé et quoi encore, la liberté guide un peuple et ils sont au service, quoi au juste, juste, juste, ils tournent sur eux même, ils contemplent les cailloux, ils poussent sur l’habitude,

le temps passe, le temps est passé, le temps a passé, l’aile de l’amour, de l’amour, il enjambe le cours de l’eau, il frotte ses yeux, il est meurtri de lumière, perclus de soleil et d’espérance, dans le silence, dans la voix perdue, dans le vent, il pousse sur ses mains, il tourne sur ses tempes, il cherche un mot et un autre, des phrases, des sentiments : je ne suis pas pour être aimé,

ici ou là, dans ce lieu, dans ce présent, j’impose et montre la force et l’application, je ne suis pas pour être, aimé sûrement mal, même pas trop, même pas mal, de la suite dans l’idée, je brise et l’amour et la volonté des autres, sur la mienne, sur mon absence, sur le rendez vous que je manque, je veux ignorer, je veux oublier, je veux faire gémir, je veux entendre,

il faut que la souffrance cogne, il faut abandonner et répéter, le silence est d’un ennui mortel, je ne suis pas ici pour être, pour ne pas y être, pour ne pas sentir, et suivre et comprendre, la liberté guide un peuple et ils sont en attente et ils sont disposés, faut-il entendre cette chanson : je ne veux pas aimer, je ne veux pas sentir, je ne veux pas toucher, fuyez, fuyez-moi, entrants,

pauvres venus du bout des choses, remerciés dans la vie, perdus de nuits et de sanglots, prêcheurs sans âge, dites nous le bien, dites nous le mal, dites la volonté, je ne veux pas être aimé, perdu, soigné, sans âmes, sans recours, sans espérances, sans tremblement et plus de sensations, plus de mystère, de la raison, du geste, du métier, de l’évidence, un contrat signé et honoré,

de la difficulté surmontée, je ne veux pas être aimé et je mets chacun à distance, sur son papier signé, sur son plan tracé par la chance, par le sort, pauvreté funeste, qui fait, pauvreté qui fait, je ne veux pas être, je ne suis pas ici pour être aimé, je souhaite être perdu, je souhaite être entravé, je souhaite le martyre aux autres, aux autres, aux miens, aux obscurs,

je veux régner et je veux vivre, de solitude sur les cailloux, de pied tournant dans la poussière, d’automnes à venir, de froid, de comprendre, l’avenir est entre leurs mains, ils ne sont pas ici pour être aimés, je veux souffrir, souffrir, je veux marteler un nom sans espoir, je veux le coucher à jamais entre deux pierres, je veux l’ignorer et je veux être ignoré, fourbu, perclus,

sans eau, sans lame, sans force et sans mystère, je veux de l’immortalité et je veux être sur la place, dans le labour, dans la mort même, le paysage est fracassé, les grands oiseaux blancs vont au ciel bleu presque, si, pâle, ils tournent et tournent, ils ignorent le nom des choses, le nom de la fraîcheur, ils ignorent, ils réclament du sang dans les yeux, du renoncement,

il faut exécuter tous les papiers signés, les erreurs folles, les rides et les outrages, il y a dans ce mauvais vent des échos, ils descendent aux enfers, ils cherchent et trouveront Hadès, Hadès, et je respire encore, et donnez leur l’amour.

06 Août 2010.



#2 hasia

hasia

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Posté 12 avril 2019 - 12:31

Densité et profondeur Tant caractérisent Votre approche, que je vais me permettre : un petit Temps de réflexion,

  afin d'en offrir un commentaire syncrétique et  au-delà,

la grâce

de l'harmonie sensible primordiale de La Vie  déclinée.

 

***

au poète,

hasia



#3 hasia

hasia

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Posté 18 avril 2019 - 04:51

"Jamais nos exils ne furent vains, jamais en vain nous n'y fûmes envoyés.

................

Aux vivants de pleurer l'accalmie du vent, d'apprendre à ouvrir les fenêtres, de voir ce que le passé fait de leur présent 

et de pleurer doucement et doucement que l'adversaire n'entende ce qu'il y a en eux de poterie cassée.

Martyrs vous aviez raison.

la maison est plus belle que le chemin de la maison.  En dépit de la trahison des fleurs.

Mais les fenêtres ne s'ouvrent point sur le ciel du coeur et l'exil est l'exil. 

Jamais en vain nous ne fûmes exilés et nos exils ne sont passés en vain

 

Et la terre

Se transmet

Comme la langue"

 

MAHMOUD DARWICH : Au dernier soir sur cette terre, 2008.

 

afin de Vous remercier :

Tant pour la Beauté de Votre Ecrit, au Vif et au Vrai de l'Emotion ressentie,  mais cependant, Tant retenue par-devers le Coeur...

 

hasia