le printemps vient - qui s'en souvient ?
pas le souffrant qui ne sent rien.
le printemps passe sur nous les gens
qui le ressent ? pas le souffrant
qui ne sait dire que Mamman
comme avant comme après tous les printemps
l'été est là on le voit bien
pas le souffrant mental au coin
du mur ombrageux du jardin
qui dit toujours chaleur pas bien
Et qui le redira éternellement
l 'automne est là splendeur sans nom
veux tu venir voir le pinson ?
oh non oh non lumière mal aux yeux
l'automne passe pour tous les vieux
qui voudraient tant voir aller mieux
le jeune qui ne pressent rien
l'hiver arrive -et qui le voit ?
les parents promenant au bois
pas l'enfant qui crie neige ! maman!
et la sent à peine dans ses doigts
puis tout retourne et tout revient
à la maison comme en prison
et tournent et passent les saisons
jamais l'enfant jamais n'atteint
plus que de pâles lueurs d' horizon
car l'Existence jamais ne vient
un jour l'enfant devenu vieux
meurt à son tour , soixantenaire
c'st le seul jour où il touche terre.
Pour Gabriel, mort à Cancale.