Aller au contenu

Photo

(Carte blanche) à Bernadette Engel-Roux : Jacques Darras et La Maye


  • Veuillez vous connecter pour répondre
Aucune réponse à ce sujet

#1 tim

tim

    Administrateur

  • Administrateur principal
  • PipPipPipPip
  • 5 689 messages

Posté 17 avril 2019 - 09:33

 

Jacques Darras et La Maye
 

6a00d8345238fe69e20240a47d2ce1200d-100wiA partir de la re-publication par Le Castor Astral de son Van Eyck et les rivières, 2019, (première édition au Cri/Bruxelles, 1995), avec évocation dâautres recueils : William Shakespeare sur la falaise de Douvres et sa traduction des Feuilles dâherbe de Walt Whitman, Gallimard/Poésie)






Quand Jacques sort de la forêt, câest à la mer quâil précipite sa force. Alors, dans cette voix large battent et les cognées sauvages des bûcherons, et le revenir rythmique de lâeau.
Lorsque, rhéteur, il se dresse pour clamer son espoir ou sa rage, il emprunte à la balistique son art de persuader, à lâarbre son exaltation, au vent allitératif ses répétitions, à la vague sa profondeur historique, anhistorique, de rouleuse depuis la nuit des nuits sur la légende des millénaires venue abattre sur la plage sa claque joyeuse :

Simple il y a au contraire duquel aucune phrase ne convainc.

Câest pour la mer quâil aime que, pâtre promontoire au chapeau de Caliban, il déroule amoureusement sur la falaise de Douvres son volumen de Jubilations. À la vague et au vent, il dit son allégeance. Il tient haut un verbe de joie et dâamour. Hors évangiles. Il nâa de haine que pour la mort et ses marchands. Toujours il appareille, toujours il cingle. En lâeau labile et féminine, spontanément, sa poésie a foi, son âme dâenfant. Dans son dos, la lisière dâenfance, en effet, est mal refermée.

En raison de la triangulation de son génie, au nord orienté, câest de lâouest quâà vol avide de goéland gréé en goélette, il translate ses amours. Et câest en latino-picard (Amiens, câest le sud !) quâil versifie. De lâépicentre hissé de ce triangle dont lâoscillant tracé soudain sâétoile, il flèche le centre de son unique terre de langue : câest un poète français. Câest en français de France, à lâextrême pointe de notre ourlante langue, quâil ploie et plie et roule Shakespeare, Whitman et Lowry, Pound, Bunting, Jones et Hill, et alii. Et dâautres, dont le poème à vitesse de boulet roulé sur les rails dâun marin tunnel, beyond the tunnel of history, à la sortie intègre et lumineux, sur nos plages et nos plaines, se déroule et redresse et récite. Toutes brumes éclaircies, Jacques a pris sous la Manche les trains de Turner.

Un diabolisme personnel â le démon est Légion â le fait à la fois professeur, critique, traducteur et directeur de revue. Peintre. Et poète. Il doit à cette multiplicité de sa personne unique (axiome autobiographiquement vérifiable) la double page, la mise en page double de sa duplication. À Douvres, William Darras apostrophe, en ample laisse sur lâautre front de la falaise (la page en face), son double Jacques Shakespeare plié en sonnant sonnet.
À lâescrime, art du dialogue, il sâexerce ainsi. Le duel fini, sur le champ dâAzincourt, il salue, en touriste.
La page du poème est polémique, est proelium â ou nâest pas.


Bernadette Engel-Roux


FYlHluzxKbo

Voir l'article complet