Tu n'as que faire de la poésie.
Car ton enfant n'est pas mort.
Le jour où comme pour la louve
Ton louveteau sera mort,
Tu voudras attaquer la chaîne piégée du destin
Tu feras comme un loup intelligent :
Tu penseras avec tes dents.
Tu basculeras dans la poésie.
Tu diras des mots qui ont du sang.
Tu seras devenu une crėature de de la nuit.
Tu habiteras dans la forêt de la mort.
Tu te moques de la poésie.
Car ton collègue n'est pas mort.
Comme tant d'autres, suicidé.
Le soir où, comme l'orque,
Tu verras, dans l'eau noire, ton collègue échoué,
Tu mugiras tel l'animal mutilé.
Des torrents de mots se liquéfieront dans ton esprit.
Tu rejoindras l'immense océan de vie
De la poésie.
Comme tous, tu seras forcé de nager parmi les mots.
Entre deux eaux , un peu vivant encore, un peu plus mort.
La louve traverse la rivière, son petit, mort, entre les crocs,
Pour le poser dans un endroit meilleur, sur un lit de roseaux,
Puis hurle comme une folle, quand elle le laisse au repos.
Son hurlement femelle,
Ce long cri animal qui monte si haut,
Sa plainte sauvage et belle
Cette langue qui ne trouve jamais ses mots:
Ce sera ton langage nouveau.