Les îles sont des passages
Au milieu d'un infini liquide amniotique
Où les bateaux s'endorment
Aux turlutaines des marins et des véliques
De L'île aux Pommes
À L'île Verte, si verte en été
Et pourtant si blanche, en hiver
En face des Trois-Pistols
Gorgées d'herbes salées
Dans la quiétude de l'univers
Les arbres séculaires racontent
Qu'on venait du Labrador et du Maine
Chasser aux harpons les baleines
Mais depuis
Les clochers argentés ont poussé
Ça et là, parmi les vagues
Pour que le vent des prairies
Séduise les fleurs sauvages
Et les change en rochers insoumis
Et depuis
Les montagnes se sont couchées
Avec des nuages dans les yeux
Et dans la vallée en pleurs
Les raquettes en babiche
Font des prières à l'achigan
Et depuis
Les maisons de pierres
S'adonnent à plus rien
Et les villes mangent du béton
Sur le dos des pauvres
Malamanchés dans leurs guenilles
Et depuis
Les usines en briques
Ont craché leur boucane noire
Et les almouchiches chassent du porc-épic
À tous les soirs
Et dans les rêves des défricheurs
Les poètes s'abandent avec les loups
Pour hurler au clair de lune
Une chanson qui n'est pas l'hiver
Mais un pays