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(Note de lecture), Gérard Noiret, En passant, par Gérard Cartier


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#1 tim

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Posté 17 mai 2019 - 09:21

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<p class="MsoNormal blockquote" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: center;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';"><strong>Théâtre de poche</strong><br /><br /></span></p>
<p class="MsoNormal blockquote" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif';"> <a class="asset-img-link" href="https://poezibao.typ...e7759200c-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Gérard Noiret en passant" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e20240a45e7759200c img-responsive" src="https://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e20240a45e7759200c-100wi" style="width: 100px; margin: 3px 15px 5px 5px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="Gérard Noiret en passant" /></a>Gérard Noiret publie peu : son dernier recueil, <em>Autoportrait au soleil couchant</em> (Obsidiane, prix Max Jacob), remonte à 2011. Câest dommage, car sa voix est singulière. Aucun poète qui ait su comme lui saisir la vérité des banlieues populaires, où il a longtemps vécu et travaillé, les restituant sans céder à la facilité que pourrait appeler le sujet â sans être savante, sous des dehors de clarté et de fluidité, son écriture ne manque pas de subtilité.<br /><br />Comme lâindique son titre, ce nouveau recueil est fait dâéclats de réalité notés sur le vif : scènes de la vie courante, instantanés de Venise, de New York ou de Konakry, rencontres de hasard. Tout est saisi dans un étroit compas, êtres et choses, avec une prédilection pour les minimes évènements du quotidien qui témoignent des grandes misères du monde. Les acteurs de ce théâtre de poche, le plus souvent anonymes (même si, au détour dâun vers, on entrevoit John Lennon ou Maurice Nadeau), sont fixés avec une légère distance, une sorte de sympathie clinique â celle quâon devrait avoir avec soi-même. La mélancolie, et même le sourd désenchantement qui percent dans ces pages, nâempêchent pas lâironie.<br /><br />PARVIS<br /><br />Entre les seins bronzés<br />À lâétroit dans le corsage<br />La croix en or<br />Comme<br />Le diable dans le bénitier<br /><br />Les vers sont courts, les poèmes aussi. La référence incontournable dans ce domaine est aujourdâhui, hélas (tant de contrefaçons !), le haïku. Les poèmes dâ<em>En passant </em>ont une tout autre forme (ni compte ni mesure apparente), mais leur esprit peut parfois y faire penser, en particulier dans la série de très brèves notations rassemblées sous le titre programmatique <em>La tête haute</em> â une seule ligne faite dâun titre emmanché dâune demi-phrase :<br /><br />ROCHERS EN BRETAGNE les restes dâIcare sur le sable<br /><br />Le rapprochement avec le haïku est pourtant trompeur car, autant quâà lâacuité du regard, ces poèmes doivent beaucoup à lâinterprétation des scènes. Une courte pointe est dans la queue, une saillie morale ou politique qui donne sa profondeur au poème. Lâexergue finale, empruntée à Jean Lacoste, suggère la méthode de composition : « â¦<em>dans les illusions dâoptique, lâÅil [peut] à la fois &quot;se tromper&quot;, ou donner une première interprétation spontanée de ce quâil voit, et ensuite, à force dâattention ou sous lâeffet dâune sorte dâillumination, corriger cette première interprétation ou voir les choses autrement, sans que les &quot;sensations&quot; aient changéâ¦</em> ». Les poèmes nâexisteraient pas sans ce retour sur le sujet. Peut-être est-ce alors, dans lâapprofondissement du sens, que naissent les références à la mythologie (païenne, chrétienne ou historique), comme dans le poème ci-après, qui montre quâon peut dire beaucoup de notre société en cinq vers, et comme sans y toucher :<br /><br />PÔLE EMPLOI<br /><br />Le mal rasé du cinquième<br />A son chemin de croix<br />Il imprime chaque matin<br />Sa face au revers<br />Du torchon de la sainte<br /><br />Ce recueil est sans doute un peu bref pour rendre pleinement justice à lâécriture de Gérard Noiret. Il sâagit, prévient lâéditeur, dâun choix dans un ensemble beaucoup plus vaste : souhaitons que celui-ci paraisse un jour. À défaut de chanson pour finir, je transcris cette définition de la poésie qui clôt le recueil, due à une élève lors dâun atelier, peut-être moins naïve quâil y paraît : « La poésie / Câest quand il y a / Des mots / Et quâon lève les yeux / En disant Ah oui ! ».<br /><br /><strong>Gérard Cartier<br /></strong><strong><br /></strong><br />Gérard Noiret<em>, En passant, </em>dessins de Jean-Louis Gerbaud, Obsidiane, 2019, 64 p. 15â¬.<br /><br /><br /></span></p><img src="http://feeds.feedburner.com/~r/typepad/KEpI/~4/rbfYz8RRSTU" height="1" width="1" alt=""/>

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