Revenu à la poésie
Par la langue maganée
De mon père
Au baragouin des ouvriers
De l'après-guerre
Je veux bêler comme un mouton
Par les rues des manufactures
Avec ces pures laines sans terre et sans future
Qui se sont syndiqués
Aux sanglots des saints-incapables
Pour se soumettre aux machines
Des crosseurs et des colonisés
Ah! Saint-Apollon des culottes de mes boss
Ces criss de bergers patronneux
Ouais! J'irai à joual
Sur la parlure saignante
Des cheminées d'usine
Chevauchant leurs mots puants
Aux accents qui se pètent les bretelles
Par les jours de grève
À Saint-Henri-des-Tanneries
Ouais! Je reviendrai aux mères fileuses
Des us de la langue
Ces belles rondes bavardes
Aux machines à découdre l'azur
Cette lignée frileuse au rouet géant
Filles du Roy
Bagoulardes
Aux nœuds coulants des boulines
Avec des mots à sécher
Sur la corde à linge du vent
Au tendre babillage en guenille
D'une trollé d'enfants
Accreire que ces bonnes femmes
Étaient insoumises à l'histoire
Et offertes à la parole prolétarienne
Grâce aux badauderies des fées de ruelles
Ouais! Cette langue de garce
Ce n'était pas de la littérature
Mais le commérage noble et le bagou des pirouettes
Des fusées de l'Amour
Que le poète d'Amérique
Bénira dans l'ithos et le pathos