Tous les dieux de l'enfer et tous les dieux du ciel
Se mettront à genoux lorsque j'exigerai
Qu'ils taisent leur courroux et se fassent tout miel
Pour adorer sans bruit l'objet de ton portrait.
Leur ciel ou leur enfer n'est qu'une triste image
Du bienfait qu'a produit ta rencontre sur moi ;
S'il reste encore un dieu ce n'est que ton visage
Qui triste ou souriant met mon cœur en émoi.
Adorer je veux bien, mais que ce soit tes yeux,
Tes lèvres, ton sourire, ton regard si étrange,
L'ombre de tes sourcils, ta mèche de cheveux,
Qui ensemble dessinent le visage d'un ange.
Je veux bien abjurer ces monstres faméliques,
Dieu des juifs ou chrétiens, musulmans ou bien autres ;
Le seul être ici bas digne d'être relique
C'est toi et le bonheur qui un jour fut le nôtre.
Je voudrais qu'on installe sur toutes les églises,
Les murs des synagogues, le haut des minarets,
Ton portrait pour qu'enfin chaque croyant te lise
Et décide quel dieu il adore en secret.
Tu es ma seule idole, l'objet de mes prières,
Aucun dieu ne pourra combattre cet amour
Sans risquer de subir ma rage meurtrière ;
Car une vie sans toi ne vaut pas le détour.