Les arbres morts
L’hiver tombant sous le ciel lumineux et blanc
Des arbres en veille, des sentinelles du vent,
Se dressent tous en lignes, nobles fiers et vaillants,
Mêlant à la neige, la beauté de leur chants.
Ils sont là au cœur des champs guerriers ils s’élancent
Gelés tordus en criant dans le noir silence,
Pris par le froid, leurs branches figées par la glace
Sont roides et nues, brisées dans leur élan féroce.
Mais pour qui étaient ces bras en arches élevés ?
Pour quelle cérémonie sont-ils préparés ?
Sur quel palais imaginaire veillaient-ils ?
Seraient-ce des soldats armés d’un régiment ?
Derniers gardiens des palais aux portes de fer
Ils protègent d’une inaccessible barrière
Des châteaux ancestraux invisibles à nos pairs
Ils sont les Piliers d’airains, vigies de l’enfer
Ils vont sans bruit au son des trompettes muettes
En nombre, en armée sombre de géants en quête
Leurs sinistres tourbillons font fuir les corbeaux
Ils vont sous la lune ourdis de piques et rameaux
A l’assaut d’un belligérant imaginaire
Cette sinistre armée, austère et tout en fourches
A pour escorte la peur, et son air farouche,
Quand elle est de front, terrifie ses adversaires.
Ces puissants fantômes noirs sur les champs de neige
Sont patrouilleurs de cour d’un royaume invisible
Guettant sous leur écorce de pierre, impassibles,
La fin d’un maléfice ancestral qui les fige.
[WV]