Viens, creuser le puits profond de mon désir vers
toi. Que je puisse te rejoindre à la cordée
en nageant d'étoiles en galaxies par hivers,
par printemps ou automnes sur la fleur bien-aimée
de mon amour d'enfant enfouit dans les poubelles
d'où tu peux me sortir en musique, en « rimelles ».
Viens goûter l'océan, les vagues de la vie
s'écrasent en pleurant sur des rochers perdus.
Viens là où le soleil est au zénith. L'envie
te prendra par le ventre. Le goût assidu
du hamac sous le palmier ne rendra pas l'âme
pour avoir obéi à tes instincts de femme.
Enfouis-toi sous le sable. Plante y la croix
du repos éternel et je t'y rejoindrai
par les chemins abstraits du silence des voix
qui n'ont rien à dire. De là-haut je t'absoudrai,
te mènerai droit par la main vers les enfers
où l'on vend emballée de pardons la misère.
Viens, ton souffle m'entre comme une cigarette
dans mes poumons malades. Je respire ton vent
et ta fraîcheur m'atteint comme un glaçon qu'on jette,
et retombe sur moi. Et malgré ça pourtant,
ces frissons me donnent des chaleurs à mourir
sous le ciel des tropiques sans pouvoir m'endormir.
Viens, l'or de tes prunelles me rendra la richesse
des poètes maudits. Ton regard me foudroie
de tendresse. Et je meurs sans un cri de détresse.
Dans le rubis de ton regard le mien se noie.
Je meurs de toi, de ton corps, de ta bouche. Tes bras,
tes seins, ton ventre me coupent la gorge à ras.
Viens coucher sous mon toit fait de neiges hivernales.
Mes vains espoirs brisés tourbillonnent vers toi,
vomissant chaque nuit des musiques banales
mélangeant le banjo à la brisure des noix.
Écoute la musique qui me morfond le ventre.
Sur toi ma pauvre vie se tasse et se concentre.
Viens allumer mes voix comme des chandeliers
quand le vent est trop froid et le courant trop cher.
Viens me gonfler les vers ma muse en chemisier,
je repriserai ton linceul d'algues de mer.
Viens dormir dans mes nuits et me faire oublier
mes spleens de solitude et mon cœur délaissé.