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Die Heiligen Drei Könige.


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1 réponse à ce sujet

#1 michel à franquevaux

michel à franquevaux

    Tlpsien ++

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Posté 17 juillet 2019 - 07:50

I

Épines en chemins.

 

Orties, ô, temps immobile, où sont-ils les piquants, les acerbes qui se donnent et content aux étoiles le champ labouré, la main posée, le cœur évanoui, la couronne posée, ô, où sont-ils les chanteurs, les archanges, le bien sur le devant, l’horizon toujours vaste.

 

En arrière, en arrière, je me suis penché tôt au matin et j’ai tremblé et j’ai cru et j’ai dit, il faut se reconnaître, il faut tout chanter et mordre les cailloux, et perdre sur un lit les roses et leurs épines, et donner au plus haut ses bras d’herbes pures, ses grains d’encens à brûler, sa myrrhe pour guérir et contenter la vie. Ils sont trois ils avancent, ils sont rois éblouissants.

 

La main posée au montant de la porte se détache et tranche dans l’air un morceau de l’histoire, une part de vent sur les cailloux. Des mages en cohorte, ils avancent et cherchent et trouvent à l’orient un horizon subtil de mains jointes et vives.

 

Ils se cherchent, ils se croisent, ils vont, venant de loin, ils viennent et respirent et posent au sol, sur le sable, aux pieds, l’or et l’encens, la myrrhe, si près des genoux, ils se courbent, ils inclinent, ils ont vu l’horizon, le cuivre est pour le soir et les roses au matin, ils ont vu et je vois trois rois qui avancent, je suis au matin penché et tremblant.

 

J’ai enfin les doigts détachés un à un du montant de la porte, du montant de métal et pensant, d’or, d’encens, de myrrhe, de voyages, d’espoirs et de pardon, de vies sauvées, de pieds blessés, guéris de poussière au chemin.

 

L’huile coule aux pieds des voyageurs, ils sont essuyés d’huile et de larmes, de nard, de cheveux blonds et roux, ils sont empoussiérés et fourbus au talus, les yeux encore clos, ils respirent le parfum de lys et de corbeau noir, ils sont empoussiérés au bord du chemin, sauge et violettes et piquants chardons bleus, ils se traînent, ils s’éreintent, ils sont fourbus et ils cherchent, d’or, d’encens et de myrrhe, des vies à sauver, des enfants à combler, des cœurs à enrouler dans la soie, la salive.

 

Ils sont en abandons, ils cherchent et trouvent. Le pied dans les orties, le cœur sur la route, dans la poussière et dans le bruit. Cette nuit l’étoile est descendue, ils ont cherché et ils trouvent sur le talus, au monde, des cœurs à contenter, des yeux à explorer, des champs à labourer, de la terre pour tous.

 

Des doigts dans l’air battent, ils sont étendus sur le bas à côté des épines, ils sont fleurs d’églantier et cœurs à conquérir, ils chantent et inventent un monde pour les yeux de tous et pour tous ils éprouvent, ils tracent, ils décorent, ils montrent.

 

Le chemin est là, la liberté est en face, ils content, ils content, et je me dis aussi cette petite histoire, ce bien épanoui, ce regard éclatant, un monde à conquérir, des cœurs à ouvrir, des enfants à sauver, des champs moissonnés et des greniers comblés et des avoines perdues pour les passants, trouvées aux maraudeurs.

 

Ils se contenteront des épines et ils affranchiront les esclaves, les rois sont sur la route et mangent l’herbe amère, ils sont sans y penser en avance et bien loin, sur le bord du chemin. J’ai visité le temps, j’ai rempli mes regards des ombres du mensonge, ils sont encore là, leurs doigts accrochés au portail.

 

Je me dis, je suis libre, je suis un regard pur, j’avance et trouve à chaque pas une histoire nouvelle, un souvenir de rois, ils suivaient au départ une étoile. Je me dis, je suis libre, je suis un regard pur, j’avance et trouve à chaque pas une histoire nouvelle.

II

Sans façon, mauvaise manière.

 

Sans façon, je pose au sol et l’une sur l’autre, une pierre, une pierre et dépose le grain, et filtre et condense et prend et tient en l’air posés des rayons.

 

Il est fourbu, il est foncé et froid, il gouverne un monde de stupides, qui sont assassins et fous, ils meurtrissent les enfants. Les mages n’y retrouvent ni or, ni encens, ni myrrhe.

 

Ils sont stupides et fous, assassins, ils comptent les éclats, des pierres au chemin, du trouble dans les cœurs, leur joie est loin et tous se fuient, ils sont évanouis, ils percent les songes, ils sont à retenir, à combler l'espace entre les pierres d’un chemin éventré d’ornières, perdu de rangs, déchiqueté.

 

Ils avancent, ils mordent, ils cherchent au loin les dents des sauveurs, les leurs et le reste. Il faut poser le pied, il faut laisser une trace, le monde est jeune et vieux, il est perdu dans le soir, ils sont sur le chemin, ils contemplent la trace des doigts au montant, le peuple est en marche, il a oublié les soldats, il a oublié.

 

Les mages pour le réconfort des enfants, ils ont perdu leurs chansons, l’air est perdu, la voix est close, plus rien ne meurt et rien ne vit, ils sont sur le sentier, ils se donnent et ils offrent leurs cailloux, que sont-ils venus et que sont-ils faits et que, que sont-ils encore, sur le devant, sur le chemin, dans la poussière, dans les horreurs, les images fausses et vraies.

 

Ils traînent leur fardeau, ils tirent leurs poids d’ombre de feu, nourris de perles qui roulèrent dans la fange, les animaux y mangent, y dorment, y recommencent, le combat est mené, les doigts sont libérés, les cœurs inventent à l’aise, sans raison.

 

Où sont les rois sont les drames, ils font des heureux, ils font le malheur, ils tirent les cordes et agitent les pendus, ils sont rentrés déjà, ils écorchent la langue, les bijoux, les plus belles saisons, ils écornent, ils arasent, ils détruisent, tout est à construire, tout est reconstruit faux et laid, sans plaisir, dans la rancune.

 

Dans les livres, les pages arrachées, ils sont perdus et ils avancent, ils écorchent, dents de traîtres et d’innocents, les peaux éparpillées, les fleurs et ils les froissent.

 

Sans façon, il construit et pose au sol et l’une sur l’autre une pierre, une pierre, les chemins sont tordus, les idées sont affreuses, ils sont en liberté et ils clament la fin des choses, la fin du temps, la fin, ils sont aveugles et sourds, ils se recommencent, ils sont venus, ils trouvent tout, le tas de cendres, le tas de boue, l’amertume, le fiel et l’aigreur au visage. Ils chuintent, ils ravinent, ils ont perdu chaque pierre, et une à une, ils les ont brisées. 

III

A venir.

 

Une longue attente, devant la porte, les doigts au montant de bois. Sur le seuil, l’escalier, le toit, le premier pas et rien ne vient, des images, seules, sur la route, à venir, mais, il n’y vient pas et puis, il le faut. Les doigts détachés, le pied levé, il part et sur le chemin, au talus, la sauge et les roses au bord du chemin pour une fuite, pour partir en Égypte à la rencontre.

 

Le temps est bousculé, sur la route avec un monde, le monde, à sauver, des enfants à restaurer, à instituer, avec l’or, l’encens, la myrrhe, et ce peuple de fous, sourds et aveugles, ils ne comprennent rien, ils massacrent, ils massacrent, ils se croisent, ils abîment, et en ce point, cette histoire, en ce point, pour ce moment, pour cette histoire, tout est écrit.

 

26 Juillet 2011.



#2 Hattie

Hattie

    Tlpsien +++

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  • 6 142 messages

Posté 17 juillet 2019 - 02:28

Sortir de /  (l'enfance, le mythe.... mais l'histoire continue. sous la forme d'un nouveau récit fait à soi-même.

 

Au fur et à mesure de ma lecture, je pense à ‘ chagall ‘, style chagall, coloré, étoilé, touffu, scènes avant, arrière, disproportionnées, profondeurs de champs variables. Minutie et traits tantôt familiers, tantôt étrange®s. Autour d’un récit universel. Ici ‘ les Rois Mages ‘. Que l’on voit déambulant au fur et à mesure du temps. Au fur et à mesure de la transformation du regard, lumière, chemins, lieux, scènes. ' Âge ' de celui qui écrit, de celui qui lit, au fur et à mesure du texte..., dans une sorte de perte de représentation poétique. Qu’il est difficile de croire différemment, de soudain greffer une autre perception, ‘ jauger ‘, juger… ce que l’on a autrefois révéré sous forme de mythes et légendes. imaginaire. Chemins. Traces. Que le réel ' universel ' est mille fois plus sombre que le récit.  ___ Mais encore ' à-venir '... ? Pour ce moment ‘.

 

Et que je ne veux moi-même pas sortir de ma lecture ___