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(Note de lecture), Jean-Pierre Chambon, Un écart de conscience, par Ludovic Degroote


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Posté 24 juillet 2019 - 09:19

 

6a00d8345238fe69e20240a4be601d200b-100wiDeux poèmes composent ce livre : Un écart de conscience et Prosopopée du peintre des cavernes. Le premier, contrairement à ce que son titre pourrait laisser entendre, nâest pas une absence de conscience mais une hypertrophie qui la fixe sur des détails infimes : « Le lieu le plus pauvre / sâavère le plus propice / à ce que je nomme faute de mieux / un écart de conscience » (p.19). Lâattention accaparée par ce qui semble relever de lâ « accident » (p. 23, terme quâon pourra entendre dans ses différentes significations) crée un « éveil paradoxal » (p. 21) à un détail insignifiant de la réalité : la ténuité de ce qui est regardé semble ouvrir un champ immense, au détriment des visions dâensemble ; néanmoins, elle se place dans un paradoxe : cette « singulière attraction terrestre » (p. 40) dans le même instant où elle fixe la conscience échappe à sa saisie. Dès lors, comment comprendre ce mouvement ? Et comment lâécrire ? car les mots paraissent contribuer à son effacement en se lâappropriant. Eléments descriptifs et explicatifs dominent dans ce poème adressé à un « tu » non identifié dont on comprend à la dernière page quâil peut être une figure multiple : lâenfance et le passé ? un dédicataire précis ? le réel ? lâécriture ?... Celle-ci oscille entre vers et prose, non dans sa disposition mais dans ses jeux de continuité, comme sâil sâagissait par moments de prose verticalisée. LâÅil et le regard formant un thème dominant dans lâécriture de Jean-Pierre Chambon, on la retrouve aussi dans le second poème dont on relèvera la qualité du titre ; le poème est adressé à un « tu » quâon peut supposer être un lecteur-spectateur dâaujourdâhui : il interroge ce qui reste, donc ce qui est perdu, dont témoigne ces peintures rupestres, manière dâavertir de la relativité du contemporain. Ici aussi, dominent le mystère et lâénigme, que lâécriture tente dâapprocher, sauf que le poème est éclaté, sans doute à lâimage de ces motifs dispersés sur les murs de la caverne. Précisons que ce livre est accompagné de photos de Christiane Sintès qui jouent entre détails et flous, échos pertinents au texte.

Ludovic Degroote

Jean-Pierre Chambon, Un écart de conscience, Le Réalgar, 2019, 68 p., 14 â¬.


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