Chienne de chaleur
quand,
les feux du soleil vous brûlent le visage,
quand,
un souffle ardent embrase votre gorge
et vos poumons,
quand,
ivres de chaleur jusqu'au vertige,
vous vous appuyez aux murs,
chancelants au bord du gouffre
quand,
l'eau tiède des marigots et des rivières
n'est même plus une promesse de fraîcheur,
mais plutôt le chaudron des sorcières,
quand,
les bêtes elles-mêmes halètent, exsangues,
au creux des fossés et des broussailles
quand,
même la nuit, les étoiles impitoyables
déversent du ciel leur métal incandescent,
alors,
vous comprenez que la chienne de chaleur*,
une fois encore, est entrée dans la danse,
se levant avec le soleil, se couchant avec lui,
qu'elle sera là demain et après-demain,
nous tenant tous en son pouvoir, à sa merci,
nous faisant payer cher nos plaisirs de l'été,
nous pliant, impuissants, à sa dure loi d'airain
jusqu'à ce que, vaincus, nous criions grâce
et que nous soumettions
corps et âme à sa volonté
comme dans la fournaise africaine,
les lions eux-mêmes qui, affalés sous l'ombre
rare des acacias, indifférents aux proies
offertes et aux femelles en rut autour d'eux,
pantelants et muets,
rêvent de la saison des pluies
et de ses orages rédempteurs
* Canicula (« petite chienne »), est l’un des anciens noms de l’étoile Sirius. Les périodes de grande chaleur furent ainsi nommées parce qu’on les attribuait à l’influence de Sirius qui, pendant l’Antiquité, au cours de la période annuelle du 24 juillet au 24 août, se couchait et se levait en même temps que le Soleil.
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