Mon amour, ma douleur, mon éternelle flamme,
Je veux léguer mes biens à ta douceur de femme.
Il manque le notaire et les actes légaux,
Dont je n'ai nul besoin pour te léguer mes maux.
Dans ce bureau étroit vieilli par la tempête,
Les quelques poils perdus provenant de ma tête,
La couleur du plafond jaunie par la fumée
Que j'expirais tout en rêvant à mon aimée.
Un vieux stylo à bille qui ne sait plus écrire,
Qui a écrit pour toi plus de pleurs que de rires.
Ces vieux papiers tout gris couchés de mes vieux vers
Sur lesquels j'ai jeté ma sueur et mes nerfs.
Je te laisse ma voix dans tes vieux souvenirs,
Tu pourras l'écouter quand elle voulait te dire
Avec des mots de rien, tous les mots de la rue,
Le bonheur de mon âme de ton âme éperdue.
Je te laisse mon corps que tu pourras revendre.
Peut-être quelque part dans ma tête ou mon ventre,
Un chirurgien pourra trouver pour ses besoins
De quoi sauver un homme. Si pas un homme un chien.
Si tu n'en obtiens rien mets le dans le jardin,
Il nourrira la terre, tes fleurs pousseront bien.
Tu pourras accueillir les bras chargés de fleurs
Un autre homme que moi qui fera ton bonheur.
Je te laisse ces riens dont tu ne peux rien faire,
Que tu peux oublier s'ils ne peuvent satisfaire
Ce que tu attendais en guise de testament :
La vie ne m'a laissé pour toi que des tourments.