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(Note de lecture), Annie Zadek, Contemporaine, par Jean-Yves Potel


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Posté 06 août 2019 - 01:27

 

Un savoir très particulier

6a00d8345238fe69e20240a472fc60200c-100wiOù et quand commence-t-on à vivre ? Avec qui ?
Les morts sont là. On ne les voit pas, elle ne les entend pas. Puis lâamoureux sâen va. Fuient les passions, le progrès avec le rire. Les morts restent. Seuls. Nombreux. Ils lui parlent. Vivre câest les entendre, être avec eux dans le présent.
Et quand elle crie « plus jamais ça », le Ça est freudien. Il cachait les parents coupables dâabandon, le frère témoin, la mère qui ne portait pas ses parents sur le dos comme Enée, les enfants quâelle nâa pas voulus. Le Ça du « plus jamais⦠» éclate. Il prend la voix des morts, il habite au 2 de la rue ZÅota à Kalisz â ville bien connue quâelle ne connaît pas. Le Ça rappelle Marceline, et la vie commence.
Annie Zadek nous dit une transformation. Lâexplication est en bas de page, note n°2 : elle dit pourquoi elle est « peu à peu devenue la Contemporaine des morts. » Elle dialogue avec elle-même, découvre c'est-à-dire soulève une chape, lit, retrouve le silence du présent. Proust lui tombe des mains. Elle entend ses morts, ceux quâelle sâest choisi, ceux qui lui parlent. Le poème est le seul langage qui lui dit ses peurs.
Elle en fait un inventaire du futur car la peur tient à ce qui peut arriver. Ou réapparaître. Une projection dâavenirs parmi dâautres. Lâécrivaine devient medium. Elle parle avec ses morts et craint lâabandon.
Câest le mot clé : abandon des grands-parents par les parents, des parents par les enfants, des morts par les vivants, dâAuschwitz par le tourisme. Être quittée. Lâinsécurité. Peur que les morts se taisent.
Tel est le savoir que nous transmet Annie Zadek.

Jean-Yves Potel.   

Annie Zadek, Contemporaine, Créaphis, 2019, 55 p., 10â¬

Poezibao avait donné un extrait de ce livre dans le cadre de sa revue Sur Zone.

« Pourvu quâelle ne meure pas trop vite Marceline !
Quelle hécatombe ces derniers temps !
Imre Kertesz et Opalka,
Pina Bausch, Franz West, Louise Bourgeois,
Chris Marker et Leonora Carrington,
[Peter] Zadek,
George Romero,
Maldiney, Dagognet, Glucksmann,
Harnoncourt, Appelfeld, Wajda,
Manoel de Oliveira,
et cætera, et cætera...
Tous ceux qui ne sont pas morts du sida, meurent aujourdâhui de mort individuelle de masse !
Sans parler de nos pères et mères,
de la banquise,
des abeilles,
toutes ces espèces qui disparaissent !
Elle dit que le passé est présent,
que le temps nâefface rien,
nâuse rien,
quâelle se souvient encore de tout. »


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