en mai, au temps des amours,
on n'avait pas entendu sa voix flûtée,
et son appel,
luo loi ... luo loi !
aussi fier et vibrant que le
IÔ ! Iô ...
le cri de joie dans l'ancienne Grèce
mais le voilà, de retour
au mois d'août, la voix cassée,
son chant s'étranglant en un cri
de geai ou de pie-grièche,
dernier sanglot du marin naufragé
ou du noyé
. . . . . . . .
leur amour non plus
n'est plus ce qu'il était
ou alors, l'un ou l'autre
avait-il été seul à aimer ?
. . . . . . .
ce loriot, à la voix aigre,
au chant discordant,
a-t'il souffert jusqu'à en perdre la voix
dans les forêts claires d'Afrique
ou bien, jeune oiseau de l'année,
n'est-il qu'un pauvre orphelin ignorant,
ou n'a-t'il pas fait son apprentissage
jusqu'au bout, trop rétif et impatient
de s'affranchir de la loi commune
qui, chez les oiseaux et les hommes,
soumet l'enfant à l'autorité des adultes
n'est-ce pas plutôt la plainte déchirante
d'un pauvre amoureux en proie au doute
qui, trahi par sa dernière, brève conquête
du printemps, cache sa blessure secrète
là-bas, dans les profondeurs des bois
et crie sa douleur dans l'aube naissante
. . . .
combien d'autres, hommes ou bêtes,
qui, entendant au matin ce triste concert,
se reconnaissent dans ce miroir sonore
et, en vérité, ils pleurent sur leur sort,
sous couleur de s'apitoyer sur le destin,
misérable,
du malheureux oiseau des bois